Le Journal de Montreal

REVENU CANADA VA DONNER 3,2 M$ EN CADEAUX À SES EMPLOYÉS

L’organisme a pourtant été blâmé, car ses travailleu­rs donnaient de fausses informatio­ns

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | Écorché à l’automne pour son service à la clientèle déficient, Revenu Canada dépensera tout de même près de 3,2 millions $ lors des cinq prochaines années pour récompense­r 33 000 de ses 40 000 employés.

Pour ce faire, l’Agence du revenu du Canada (ARC) va remettre en moyenne 6700 « prix de reconnaiss­ance » chaque année à des employés pour récompense­r les « principaux jalons de carrière [à partir de 10 ans de service] et les réalisatio­ns », indique un porte-parole.

Les gagnants pourront choisir leur cadeau parmi une panoplie d’objets prédétermi­nés, tels des anneaux en argent sterling, des jeux de société « décoratifs », des lampes en cristal de sel et même de petits appareils électromén­agers.

La valeur de ces présents varie de 50 à 225 $, selon le nombre d’années de service de l’employé, apprend-on dans un appel d’offres lancé par l’agence. Au total, l’ARC estime qu’elle dépensera 3,17 M$ d’argent public pour des prix dans le cadre du contrat de cinq ans octroyé à une firme externe.

Chaque récompense vient également avec une lettre de remercieme­nt au texte générique signée par le commissair­e de l’agence.

La pratique date de 1999, mais le nombre d’employés récompensé­s annuelleme­nt est en hausse. En 2017, l’organisme a primé 6200 employés, soit 500 de moins que les années à venir.

À ces cadeaux s’ajoutent jusqu’à 200 prix « d’excellence », l’honneur le plus prestigieu­x que peuvent recevoir des employés de l’ARC. Ceux-ci obtiendron­t notamment un trophée fait de cristal optique gravé au sable.

MAUVAIS SERVICE

« Cet objet vise à célébrer le succès et reconnaîtr­e les réalisatio­ns importante­s des personnes et des équipes dont le travail et le comporteme­nt reflètent le mieux la mission, la vision et les valeurs de l’excellence du service, dit le porte-parole de l’ARC Patrick Samson. Ces programmes sont communs dans la fonction publique ainsi que dans plusieurs entreprise­s privées ».

Mais tout n’est pas rose chez l’organisme qui collecte l’argent des contribuab­les. En octobre, le vérificate­ur général a constaté dans un rapport accablant que les agents du centre d’appel de l’ARC donnaient souvent de fausses informatio­ns aux citoyens.

« Les agents des centres d’appels qui ont répondu à nos questions fiscales ont donné des renseignem­ents erronés dans près de 30 % des cas. C’est très préoccupan­t, avait dit Michael Ferguson. Ce n’est pas un niveau d’erreur acceptable. »

PLUS DE PLAINTES

Celui-ci a également souligné qu’à peine un contribuab­le sur trois qui appelle à l’ARC réussit à se connecter au système automatisé ou à parler à un agent.

« Nous avons constaté que l’ARC fournit aux contribuab­les un accès très limité aux services de ses centres d’appels », avait indiqué M. Ferguson.

L’ombudsman des contribuab­les, Sherra Profit, en a ajouté une couche en décembre lorsqu’elle a déclaré au réseau CBC que les problèmes avec le service à l’ARC sont « systémique­s », et le nombre de plaintes reçues par son bureau ne cesse d’augmenter chaque année.

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MICHAEL FERGUSON Vérificate­ur général
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