REVENU CANADA VA DONNER 3,2 M$ EN CADEAUX À SES EMPLOYÉS
L’organisme a pourtant été blâmé, car ses travailleurs donnaient de fausses informations
OTTAWA | Écorché à l’automne pour son service à la clientèle déficient, Revenu Canada dépensera tout de même près de 3,2 millions $ lors des cinq prochaines années pour récompenser 33 000 de ses 40 000 employés.
Pour ce faire, l’Agence du revenu du Canada (ARC) va remettre en moyenne 6700 « prix de reconnaissance » chaque année à des employés pour récompenser les « principaux jalons de carrière [à partir de 10 ans de service] et les réalisations », indique un porte-parole.
Les gagnants pourront choisir leur cadeau parmi une panoplie d’objets prédéterminés, tels des anneaux en argent sterling, des jeux de société « décoratifs », des lampes en cristal de sel et même de petits appareils électroménagers.
La valeur de ces présents varie de 50 à 225 $, selon le nombre d’années de service de l’employé, apprend-on dans un appel d’offres lancé par l’agence. Au total, l’ARC estime qu’elle dépensera 3,17 M$ d’argent public pour des prix dans le cadre du contrat de cinq ans octroyé à une firme externe.
Chaque récompense vient également avec une lettre de remerciement au texte générique signée par le commissaire de l’agence.
La pratique date de 1999, mais le nombre d’employés récompensés annuellement est en hausse. En 2017, l’organisme a primé 6200 employés, soit 500 de moins que les années à venir.
À ces cadeaux s’ajoutent jusqu’à 200 prix « d’excellence », l’honneur le plus prestigieux que peuvent recevoir des employés de l’ARC. Ceux-ci obtiendront notamment un trophée fait de cristal optique gravé au sable.
MAUVAIS SERVICE
« Cet objet vise à célébrer le succès et reconnaître les réalisations importantes des personnes et des équipes dont le travail et le comportement reflètent le mieux la mission, la vision et les valeurs de l’excellence du service, dit le porte-parole de l’ARC Patrick Samson. Ces programmes sont communs dans la fonction publique ainsi que dans plusieurs entreprises privées ».
Mais tout n’est pas rose chez l’organisme qui collecte l’argent des contribuables. En octobre, le vérificateur général a constaté dans un rapport accablant que les agents du centre d’appel de l’ARC donnaient souvent de fausses informations aux citoyens.
« Les agents des centres d’appels qui ont répondu à nos questions fiscales ont donné des renseignements erronés dans près de 30 % des cas. C’est très préoccupant, avait dit Michael Ferguson. Ce n’est pas un niveau d’erreur acceptable. »
PLUS DE PLAINTES
Celui-ci a également souligné qu’à peine un contribuable sur trois qui appelle à l’ARC réussit à se connecter au système automatisé ou à parler à un agent.
« Nous avons constaté que l’ARC fournit aux contribuables un accès très limité aux services de ses centres d’appels », avait indiqué M. Ferguson.
L’ombudsman des contribuables, Sherra Profit, en a ajouté une couche en décembre lorsqu’elle a déclaré au réseau CBC que les problèmes avec le service à l’ARC sont « systémiques », et le nombre de plaintes reçues par son bureau ne cesse d’augmenter chaque année.