Le Journal de Montreal

Chute fatale

Le pompier a fait une chute de 1400 mètres en tentant d’atteindre le deuxième plus haut sommet du monde

- FRANÇOIS-DAVID ROULEAU

Le chef d’expédition Serge Dessureaul­t est mort hier en tentant de devenir le premier Québécois à atteindre le sommet du K2, le deuxième plus haut du monde.

Un alpiniste qui tentait de devenir le premier Québécois à atteindre le sommet du K2, le deuxième plus haut du monde, a fait une chute mortelle de près de 1400 mètres, hier.

Serge Dessureaul­t, 53 ans, se trouvait à 6700 m d’altitude lorsqu’il a fait sa chute fatale en avant-midi, heure locale, non loin du camp 2.

Capitaine à la caserne de pompiers 19 de Montréal, M. Dessureaul­t n’a eu aucune chance dans ce plongeon vers la mort, sous les yeux de son compagnon de longue date, Maurice Beauséjour.

« Nous sommes derrière la famille et les amis de Serge, un grand ami que nous avons perdu, a déclaré Sakhawat Hussain, directeur général de Summit Karakoram, l’organisate­ur pakistanai­s de l’expédition. »

Les membres de l’expédition ont retrouvé son corps près du camp de base avancé, situé au pied de la Montagne sauvage, à 5300 m d’altitude. Ils l’ont ramené au camp de base.

Les membres de la famille Dessureaul­t ont laissé savoir qu’ils tenteront de le rapatrier au Québec, avec l’aide de la communauté alpine.

En attendant, les causes de sa chute demeurent inconnues.

Le pic du K2 s’élève au nord du Pakistan, tout juste sur la frontière de la Chine. La montagne est réputée comme l’une des plus dangereuse­s au monde. Au moins 85 personnes sont mortes sur ses pentes et seulement 378 ont réussi à les gravir.

UN RÊVE

Serge Dessureaul­t, qui résidait à Saint-Bruno-de-Montarvill­e, en Montérégie, n’en était pas à sa première tentative sur cette montagne. Alpiniste d’expérience qui avait gravi six fois les plus haut sommets, il rêvait de devenir le premier Québécois à se tenir debout, les bras au ciel, à 8611 m d’altitude.

Il y avait déjà frôlé la mort, en 2016. L’alpiniste et son compagnon Benoit Lamoureux avaient évité de justesse une énorme avalanche.

À l’époque, Serge Dessureaul­t avait affirmé qu’il ne tenterait plus jamais le coup. Mais l’idée avait germé de nouveau dans son esprit l’automne dernier.

Il avait alors assemblé une équipe entièremen­t québécoise pour marquer l’histoire. Hier, ses compagnons de cordée, Maurice Beauséjour et Nathalie Fortin, ne trouvaient pas les mots pour décrire leurs sentiments, horrifiés et attristés par les événements. Ils avaient amorcé l’ascension en juin.

Ils ont annoncé la fin de l’expédition et rentreront au bercail aussitôt que possible.

PATIENCE

En début de semaine, dans des échanges de messages avec Le Journal, Serge Dessureaul­t prêchait la patience avant d’attaquer la montagne en raison des importante­s chutes de neige. Il réfléchiss­ait à sa femme et ses deux filles.

« Avec toutes ces avalanches, grimper cette montagne en ce moment, ce serait de jouer à la roulette russe avec le barillet plein », avait-il écrit.

Cette fenêtre est apparue jeudi avec l’améliorati­on des conditions d’ascension.

Les Québécois ont donc pris le chemin du camp 2 et espéraient dépasser la barrière des 7000 m d’altitude pour s’acclimater à une plus haute altitude lors d’un périple de trois jours.

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 ?? PHOTOS COURTOISIE JEAN-PIERRE DANVOYE ET D’ARCHIVES ?? Serge Dessureaul­t a été photograph­ié sur le glacier Baltoro durant la marche d’approche, quelques jours avant une chute mortelle. En mortaise, il avait été honoré lors d’un gala à Montréal après avoir atteint le sommet de l’Everest en 2012.
PHOTOS COURTOISIE JEAN-PIERRE DANVOYE ET D’ARCHIVES Serge Dessureaul­t a été photograph­ié sur le glacier Baltoro durant la marche d’approche, quelques jours avant une chute mortelle. En mortaise, il avait été honoré lors d’un gala à Montréal après avoir atteint le sommet de l’Everest en 2012.

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