Découverte d’un nouvel insecte friand de bleuets
Contrairement à d’autres ravageurs, il ne mange pas les fruits mais les feuilles
À la veille de la saison des bleuets, un scientifique du ministère de l’Agriculture a découvert une nouvelle guêpe minuscule dont les larves dévorent les feuilles de cette plante emblématique de l’été québécois.
Jamais documenté auparavant, l’insecte a été nommé Caliroa Dionae. Il a été découvert dans un champ de Trois-Rivières sur des plants de bleuets en corymbes (cultivés dans les champs), la variété buissonneuse qui donne les plus gros fruits.
« C’est la première fois qu’un groupe de scientifiques réussit à le décrire et à le nommer », indique l’entomologiste Joseph Moisan-De Serres, du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ).
D’après son équipe, il ne s’agirait toutefois pas d’un nouveau venu dans la Belle Province, mais simplement d’un insecte discret qui n’avait jamais attiré l’attention auparavant puisqu’il fait peu de dommage.
Contrairement à d’autres insectes ravageurs qui s’attaquent voracement aux petits fruits, les larves de Caliroa Dionae se contentent de manger les feuilles et ne semblent pas très répandues.
PAS DANGEREUX
« Si c’était une espèce exotique envahissante à grand potentiel de dommage, elle aurait été déjà étudiée dans son aire de répartition d’origine », explique M. Moisan-De Serres.
La drosophile aux ailes tachetées, par exemple, a causé jusqu’à 50 % de pertes économiques sur certains fruits aux États-Unis en 2008, avant de coloniser les cultures d’ici.
Les observations de l’équipe du MAPAQ concernant le Caliroa Dionae sont toutefois préliminaires.
« On a récolté tellement peu de spécimens que c’est difficile pour nous de savoir d’où il vient et où il est localisé exactement », dit le scientifique.
Il souligne que, jusqu’à présent, l’insecte ne semble s’intéresser qu’aux variétés de bleuets en corymbes et non pas aux petits bleuets sauvages du Lac-Saint-Jean.
UNE CURIOSITÉ
M. Moisan-De Serres est confiant que Caliroa Dionae « est plus une curiosité qu’un danger ».
C’est d’ailleurs la curiosité qui l’a mené à sa découverte. En surfant sur un blogue d’agriculture, il a vu une photo de larve publiée par une agricultrice qui demandait si quelqu’un pouvait l’aider à l’identifier.
M. Moisan De Serres a demandé qu’on lui envoie les spécimens et il les a nourris en laboratoire pour les étudier.
Quand les larves se sont transformées en petites guêpes noires d’à peine 5 millimètres, il a eu toute une surprise : l’insecte ne ressemblait à rien de ce qu’il avait pu voir jusque-là. C’était un parfait inconnu.