Le Journal de Montreal

Le week-end, c’est sacré

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Comment avons-nous gagné le week-end... et comment l’avonsnous perdu au cours des dernières décennies ? La journalist­e torontoise Katrina Onstad s’est penchée sur le sujet dans un essai percutant expliquant aussi comment retrouver les bienfaits d’une vraie fin de semaine, Où est passé mon week-end?

Un week-end vraiment consacré au repos, au farniente, ça existe ? Pour bien des gens, le week-end ressemble à un enchaîneme­nt d’invitation­s, de tâches à faire, de courriels à retourner et d’obligation­s qui laissent bien peu de temps. Sans parler du dimanche soir « grignoté » pour prendre de l’avance...

Katrina Onstad sonne l’alarme avec son essai, rappelant que la plupart des gens travaillen­t plus qu’il y a 10 ans et que le week-end est devenu pour plusieurs une extension de la semaine de travail.

Sans période de repos pour recharger les batteries, décompress­er, se changer les idées, la qualité de vie en prend un coup : les relations se désagrègen­t, la santé se détériore et la productivi­té tant recherchée devient à risque.

Pour Katrina Onstad, la productivi­té à tout prix a un coût. « J’espère que les gens qui liront le livre se poseront des questions sur leur comporteme­nt et sur leurs propres week-ends, à savoir s’ils en profitent ou pas », explique Katrina Onstad en entrevue.

« J’espère qu’ils agiront pour se les réappropri­er. »

UN ENJEU DE SOCIÉTÉ

Elle ne pense pas qu’on puisse agir seuls. « Comme société, il faut prendre des décisions : est-ce qu’on veut continuer à travailler trop et célébrer la fatigue, ou si nous voulons mettre le frein ? Est-ce qu’il faut toujours travailler, à tout prix, ou si nous pouvons sortir de la brume? Si mon livre incite les gens et la société en général à se poser ces questions, je vais être ravie ! »

La journalist­e confie avoir fait beaucoup d’efforts pour changer son propre style de vie.

« Un des points les plus importants a été de laisser mon cellulaire à la maison, la fin de semaine. Parfois, je ne peux pas, c’est la réalité. Mais déconnecte­r et trouver des périodes de temps libre pour réfléchir, aller dans la nature, faire des activités ressourçan­tes, faire des rencontres sociales, c’est bénéfique. »

LES OBLIGATION­S

Katrina Onstad ne vit pas sur une autre planète : elle a une famille, des tâches domestique­s à faire, des obligation­s. Elle sait que les tâches ménagères demandent du temps et essaie par exemple d’en faire un peu chaque jour de la semaine pour ne pas avoir tout à faire pendant le week-end. « On ne peut pas passer à côté de certaines choses ni de certaines obligation­s profession­nelles pendant le week-end. Mais il y en a qu’on se crée, comme cette culture de la super-parentalit­é. Remplir l’agenda de nos enfants est, par exemple, une habitude qui fait écho à nos propres agendas qui sont surchargés. Quel message leur envoyons-nous ? »

« Aujourd’hui, on a le sentiment que c’est décadent quand on a du temps libre. Quand j’ai deux jours pleins sans travailler, sans relever mes courriels, et que je peux faire quelque chose d’agréable et d’amusant, ça m’épate. J’ai l’impression que c’est du luxe. Mais ça devrait plutôt être la norme. Et il faut protéger cela. On n’est pas productif quand on est exténué. »

Son conseil ? « Si vous le pouvez, si c’est possible de déconnecte­r d’internet, même pour quelques heures, c’est une bonne manière de commencer. Déconnecte­r des gadgets électroniq­ues et se reconnecte­r avec les autres, c’est un début. »

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OÙ EST PASSÉ MON WEEK-END Katrina Onstad Les Éditions de l’Homme 248 pages

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