Le Journal de Montreal

Une collecte sélective à ciel ouvert à Montréal

Les camions doivent attendre jusqu’à 4 h pour décharger au centre de tri

- ANNE CAROLINE DESPLANQUE­S

Un important bris d’équipement au centre de tri de Montréal oblige les camions à attendre des heures pour décharger leur cargaison, ce qui retarde la collecte sélective dans les rues de la métropole.

Le centre de tri de Montréal surchauffa­it déjà depuis que la Chine a refusé d’acheter le contenu des bacs verts jugés de trop mauvaise qualité. Mais le 15 juin, la marmite a explosé lorsqu’une des presses à rebus a cessé de fonctionne­r. Depuis, le déchargeme­nt des camions a considérab­lement ralenti.

« Ça n’a aucun sens, ça prend troisquatr­e heures pour vider un voyage, gronde Denise Poirier, de Rebus Montérégie. Quand on a deux voyages à faire dans la journée, le deuxième, on a du mal à le faire parce que les camions sont stationnés au centre de tri ».

Pour les Montréalai­s, ceci se traduit par des retards dans la collecte sélective des matières qui s’accumulent pendant des heures sur les trottoirs.

La porte-parole de la Ville, Audrey Gauthier, assure que l’équipement brisé a été réparé dans la semaine du 25 juin et que la situation est revenue à la normale.

Mme Poirier, elle, souligne que les délais s’accumulent depuis janvier, lui faisant perdre des milliers de dollars.

« J’ai été tolérante, mais là, ce n’est plus possible, il faut que ça se règle », dit-elle.

« On a de la difficulté à respecter nos contrats aux heures prévues depuis plusieurs semaines », ajoute Martin Dussault, porte-parole du géant Waste Management.

INHUMAIN

La semaine dernière, alors que le mercure frôlait les 40 degrés Celcius, l’attente atteignait une heure, alors que « dans les autres centres de tri, c’est 20 à 30 minutes maximum », indique M. Dussault.

Plusieurs chauffeurs, dont la cabine n’était pas climatisée, ne savaient plus où se mettre pour se garder au frais.

« C’est inhumain », a soufflé l’un d’eux, qui souhaitait garder l’anonymat.

Pendant que l’homme s’aspergeait d’eau, une nuée de mouettes affamées survolaien­t la montagne de matières autour de lui.

Au cours des trois dernières semaines, Le Journal a pu observer jusqu’à 25 camions stationnés en file dans la rue menant au centre de tri, derrière la Tohu.

COMPENSATI­ON FINANCIÈRE

« Ça nous oblige à mettre plus de camions et plus de main-d’oeuvre sur la route. Ça veut dire plus de gaz à effet de serre et plus de coûts pour nous », explique M. Dussault.

Waste Management envisage de demander des compensati­ons financière­s à la Ville de Montréal pour les pertes encourues.

Préoccupée, la Ville réalisera cet été une étude afin de connaître le temps d’arrêt réel au centre ainsi que les conditions de circulatio­n, indique Mme Gauthier.

Karel Ménard, du Front québécois pour une gestion écologique des déchets, souligne que le centre de tri Saint-Michel est si désuet que son avenir est « incertain ».

Pour l’aider à faire face à la crise, l’agglomérat­ion de Montréal a annoncé en mai qu’elle y injectera 29,2 millions $ sur deux ans. Un nouveau centre ouvrira par ailleurs à Lachine, en août 2019.

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PHOTOS BEN PELOSSE 1. Le hangar du centre de tri de Montréal est si plein que les camions doivent décharger leurs matières dans la cour à ciel ouvert. 2. Les chauffeurs sont retardés dans leur tournée de collecte, car ils doivent patienter parfois plusieurs heures avant...
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