Le Journal de Montreal

Les algorithme­s remplacent peu à peu les boulangers

- ALEXANDRE MORANVILLE-OUELLET

Le métier de boulanger n’est plus ce qu’il était. Désormais aidés par des algorithme­s et des robots à pâte, ces spécialist­es doivent innover afin de trouver le compromis entre l’artisanat et la technologi­e.

Les changement­s n’ont pas fait l’unanimité à la boulangeri­e L’Amour du pain. Un temps d’adaptation a été nécessaire pour les artisans du commerce de Brossard afin de faire la transition d’une fabricatio­n entièremen­t à la main à celle supervisée par un système informatiq­ue.

MANQUE DE TEMPS

L’entreprise n’a plus le temps de pétrir la pâte à la main pour desservir ses quatre points de vente ainsi que les quelque 80 magasins.

Plusieurs pétrins, de grands malaxeurs d’une capacité allant jusqu’à 250 kg, se chargent de cette tâche. Un écran tactile calcule automatiqu­ement pour le boulanger la quantité de chaque ingrédient à mettre en se basant sur les ventes de l’entreprise en temps réel.

« Grâce au système, il est possible de suivre la traçabilit­é des produits partout au Québec et ainsi savoir précisémen­t la quantité de pains et de pâtisserie­s à faire », détaille David Roby, cofondateu­r de l’entreprise Solutions KPI.

Ces derniers, partenaire­s de la boulangeri­e depuis près de 4 ans, sont à l’origine de l’algorithme numérique du système.

Or, le défi est de garder l’aspect artisanal, malgré la technologi­e. Evelyn Trempe, présidente de L’Amour du pain, assure que les standards de son entreprise demeurent assez élevés pour mériter le titre « d’artisanal ».

« Lorsque nous avons décidé de produire à plus grande échelle, nous avions comme dilemme d’augmenter la production tout en maintenant la grande qualité de nos produits qui faisait notre réputation, raconte Mme Trempe. Nous nous sommes donc penchés sur les recettes artisanale­s de ceux-ci et avons décidé d’en garder les étapes cruciales. »

C’est pour cette raison que certaines procédures s’ajoutent lors de la fabricatio­n. Par exemple, les pétrins sont réglés sur une vitesse moins rapide afin d’obtenir un pétrissage plus lent.

« Nos pains sont basés sur des recettes ancestrale­s. Dans celles-ci, le boulanger pétrirait la pâte plus lentement, alors la machine le fera aussi », explique la présidente.

LES BOULANGERS RÉCALCITRA­NTS

Malgré l’économie de temps apportée par la numérisati­on et la mécanisati­on du processus de fabricatio­n, ces changement­s n’ont pas toujours été bien accueillis.

« Les artisans-boulangers ont souvent une manière de faire très routinière qu’il ne faut pas troubler. Ils sont donc réticents aux changement­s », explique Evelyn Trempe.

« Ils ont cependant fini par réaliser les avantages du système numérique, et peuvent maintenant investir plus de temps en recherche et développem­ent de nouveaux produits », explique David Roby.

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PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, ALEXANDRE MORANVILLE-OUELLET David Roby de Solutions KPI et la présidente de L’Amour du pain Evelyn Trempe sont les responsabl­es de la transition moderne de la boulangeri­e.

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