La guerre commerciale pourrait faire très mal aux cultivateurs de soja américains
HARVARD, États-Unis | (AFP) Terry Davidson est une victime collatérale de la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine : avec la hausse des droits de douane sur le soja américain, ce fermier de l’Illinois pourrait voir se fermer les portes de son principal marché.
Washington a imposé vendredi des tarifs douaniers sur 34 milliards d’importations chinoises. Pékin a répliqué avec une taxe de 25 % sur des centaines d’importations américaines, dont le soja. Une mesure qui devrait fortement réduire la compétitivité du « made in USA ».
« Nous avons survécu depuis les années 1800 et on cultive encore, je pense qu’on continuera », dit à l’AFP M. Davidson, 41 ans, qui appartient à la cinquième génération de fermiers de Harvard, bourgade située à deux heures de route au nord de Chicago.
Mais comme d’autres cultivateurs de l’Illinois, premier producteur national de soja avec 43 000 fermiers, il est pris entre deux feux et ignore si les taxes chinoises vont affecter les prix de ses récoltes.
« D’autres pays tentent de gonfler leurs stocks de soja américain. Ils prennent la place de la Chine », explique-t-il pour rester optimiste.
La Chine est le plus important acheteur de soja américain : elle en a commandé pour 12 milliards de dollars en 2017, soit environ 30 % de la production du pays.
DES ÉTATS CLÉS POUR TRUMP
Mais d’autres professionnels, et les groupes qui les représentent, ont déjà sonné l’alerte. Les prix du soja ont chuté depuis mai, les acheteurs anticipant l’introduction des tarifs douaniers.
« À court terme, nous prenons un coup », dit Davie Stephens, agriculteur dans le Kentucky, affirmant que beaucoup de professionnels se sentent démunis.
La majorité des agriculteurs vote républicain et soutient la volonté du président Donald Trump de négocier des accords commerciaux plus favorables. Notamment face à la Chine, avec qui Washington a enregistré un déficit pour les biens de 375,2 milliards de dollars en 2017.
Mais certains doutent que la hausse des taxes douanières soit la bonne approche et s’inquiètent des répercussions.
Pour l’administration Trump, le risque est également politique, alors que des élections parlementaires auront lieu en novembre. Le soja est cultivé dans les États qui ont voté pour lui en 2016, et l’Iowa avait été un État clé pour sa victoire à la présidentielle.
La question est de savoir combien de temps les agriculteurs peuvent tenir.