Le Journal de Montreal

CAFOUILLAG­E DE REVENU QUÉBEC DANS L’ENQUÊTE SUR MARC BIBEAU

Une juge annule la perquisiti­on effectuée dans des firmes de l’ex-argentier du PLQ Marc Bibeau

- Éric Yvan Lemay EYLemayJDM L’UPAC avait profité de la perquisiti­on de Revenu Québec pour mener une opération secrète. Un dispositif permettant d’ouvrir les portes à distance et une carte d’accès auraient notamment été activés par les policiers. 514.591.58

Revenu Québec vient de subir une défaite cinglante en cour contre les entreprise­s de l’ex-argentier libéral Marc Bibeau. Une juge a annulé une perquisiti­on menée en 2016 et force le fisc à remettre tout ce qui avait été saisi en raison d’un vice de procédure.

La perquisiti­on très médiatisée avait permis aux agents du fisc de mettre la main sur le contenu des ordinateur­s de Marc Bibeau et des serveurs de Schokbéton et Saramac, deux entreprise­s auxquelles il était lié.

Des copies miroir des ordinateur­s de deux avocates et d’un notaire travaillan­t pour ces entreprise­s avaient également été faites.

L’enquête du fisc, baptisée projet Modestie, a été effectuée en collaborat­ion avec la Sûreté du Québec.

L’Agence du revenu soupçonne Schokbéton et Saramac d’avoir trafiqué leurs livres comptables pour payer moins de taxes.

Elle croit que des blocs de béton préfabriqu­és livrés chez la soeur de Marc Bibeau ont été facturés en partie comme des dépenses liées au projet du train de l’Est.

Les entreprise­s Shockbéton et Saramac, propriétés de la famille Bibeau, ont agi comme sous-traitants pour ce projet. Le fisc croit que Saramac et Shockbéton ont eu recours à de fausses inscriptio­ns aux registres comptables, allant ainsi à l’encontre des lois fiscales.

PAS ASSEZ DE PRÉCAUTION­S

Les perquisiti­ons ont duré deux jours. Elles ont rapidement été contestées par les avocats de la famille Bibeau, qui reprochaie­nt notamment à Revenu Québec de ne pas avoir tenu compte du secret profession­nel.

Selon eux, dans les documents présentés à un juge de paix pour obtenir ses mandats de perquisiti­on, Revenu Québec n’a pas mentionné la présence d’avocats et d’un notaire dans les locaux qu’elle comptait visiter, sur le boulevard Arthur-Sauvé à Saint-Eustache.

Dans sa décision datée du 10 mai dernier, la juge Claude Dallaire, de la Cour supérieure, a donné raison au clan Bibeau sur ce point.

« Même si nous n’arrivons pas à la conclusion que l’ARQ a voulu tromper le juge autorisate­ur, la dénonciatr­ice a minimaleme­nt été négligente en choisissan­t de ne pas dénoncer la présence d’avocats et de notaires dans le bureau 6030, alors que l’informatio­n lui avait été révélée dans le cadre de son enquête », a écrit la magistrate.

Selon le jugement, les responsabl­es de la perquisiti­on ont avisé la Chambre des notaires et le Barreau avant de se rendre aux bureaux de Saramac et Schokbéton, mais n’ont pas jugé nécessaire que des représenta­nts des ordres profession­nels soient sur place, comme c’est normalemen­t le cas dans ce genre de dossiers.

Deux ans après les perquisiti­ons, la juge leur ordonne donc de remettre aux entreprise­s l’ensemble des biens saisis en 2016. Ils doivent également détruire tous les documents qui avaient été fournis par la Sûreté du Québec dans le cadre de leur enquête.

Revenu Québec nous a indiqué hier avoir l’intention de faire appel dans ce dossier. Elle a jusqu’au 16 juillet pour s’exécuter.

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PHOTO D’ARCHIVES Cette perquisiti­on de Revenu Québec dans des entreprise­s détenues par la famille Bibeau avait duré deux jours, en août 2016. Les policiers s’étaient rendus dans les bureaux des entreprise­s Schokbéton et Saramac situés dans l’immeuble à l’arrière-plan.
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MARC BIBEAU Ex-argentier libéral

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