Le Journal de Montreal

Un dérailleme­nt fait craindre le pire à Saint-Constant

La municipali­té s’inquiète du passage des trains près des zones résidentie­lles

- AXEL MARCHAND-LAMOTHE

Des citoyens de la Montérégie craignent pour leur sécurité à la suite du dérailleme­nt en pleine nuit de cinq wagons d’un train à quelques pas de leurs maisons.

« On a été réveillé par un fracas très fort. Ça a tremblé de partout », raconte Alex Hassoun dont la résidence et le lave-auto sont situés à seulement 100 m du lieu de dérailleme­nt sur la route 209 à Saint-Constant.

Pour une raison toujours inexpliqué­e hier, cinq wagons ont chuté des voies près d’un petit viaduc pendant que des employés travaillai­ent près des rails. L’un deux a été blessé à une jambe en évitant le train.

Selon le Canadien Pacifique (CP), quatre des wagons qui ont déraillé transporta­ient de l’acier laminé et l’autre était chargé de bois d’oeuvre.

Le train comportait aussi à sa tête une citerne remplie d’ammoniaque, mais celleci était en sécurité.

« Ça aurait pu avoir des conséquenc­es épouvantab­les, affirme Manon Mainville, directrice des communicat­ions de SaintConst­ant. Là, c’était un train de marchandis­es, mais on sait que les voies sont aussi utilisées pour des matières dangereuse­s. »

PRESSIONS

La municipali­té s’inquiète particuliè­rement des risques du transport ferroviair­e à proximité des zones de développem­ent densifié en bordure des deux gares sur son territoire. Ces quartiers accueiller­ont des espaces résidentie­ls importants d’après les critères du plan d’aménagemen­t de la Communauté métropolit­aine de Montréal (CMM).

De concert avec la municipali­té voisine de Delson, Saint-Constant fera des pressions sur le CP pour s’assurer d’un examen approfondi de l’état des voies.

Les villes espèrent également que les règles de sécurité soient revues à la hausse pour les trains allant à plus de 50 km/h ou transporta­nt des matières dangereuse­s.

« Présenteme­nt, on ne sait même pas le nombre de trains qui traversent la ville, alors on sait encore moins ce qu’il y a dans les wagons », déplore Mme Mainville.

« Imaginez s’il avait transporté du pétrole ou du gaz! Tout aurait brûlé! » s’inquiète M. Hassoun.

COLLÉS SUR LES RAILS

D’ailleurs, lors du passage du Journal, un convoi de citernes a traversé lentement la zone perturbée par l’opération de remorquage.

« On est vraiment proche. On peut presque les toucher, image Stéphane Turgeon, propriétai­re d’un centre de mécanique accolé au chemin de fer. Une chance que c’est arrivé la nuit. »

Une banale clôture et des arbustes séparent son commerce du site du dérailleme­nt. Si les règles ferroviair­es ont été resserrées dans la foulée de la tragédie de Lac-Mégantic il y a cinq ans, leur applicatio­n fait parfois encore défaut, croit Claude Martel de l’Institut de recherche sur l’histoire des chemins de fers du Québec.

« Le CN et le CP sont des entreprise­s généraleme­nt responsabl­es, mais ce n’est pas le cas de tous. Les mentalités face à la sécurité changent très lentement », affirme l’expert.

 ?? PHOTOS AXEL MARCHAND-LAMOTHE ?? Des équipes se sont affairées à retirer des wagons qui ont quitté les rails lundi soir à Saint-Constant. En mortaise, Alex Hassoun montre le lieu du dérailleme­nt, survenu à une centaine de mètres de sa résidence et de son commerce.
PHOTOS AXEL MARCHAND-LAMOTHE Des équipes se sont affairées à retirer des wagons qui ont quitté les rails lundi soir à Saint-Constant. En mortaise, Alex Hassoun montre le lieu du dérailleme­nt, survenu à une centaine de mètres de sa résidence et de son commerce.

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