Les producteurs de moutarde pris en sandwich
Le Canada au premier rang des pays exportateurs
En pleine guerre commerciale contre Donald Trump, Justin Trudeau a renoncé à imposer des tarifs de 10 % sur la moutarde américaine, contrairement au ketchup ou à la mayonnaise.
« On vend aux États-Unis environ 60 millions $ de graines de moutarde chaque année. En contrepartie, on leur achète 25 millions $ de moutarde préparée », rappelle Kevin Hursh, directeur général de la Saskatchewan Mustard Development Commission.
Le Canada est le premier producteur de graines de moutarde au monde. Dans les Prairies, la graine a une place de choix. En Saskatchewan, c’est l’un des poumons économiques.
GROS ACHETEUR
À lui seul, c’est le géant américain McCormick de 20 milliards $ qui achète une bonne partie des graines canadiennes pour sa moutarde French’s. « C’est probablement le plus important client », note M. Hursh. En gros, les Américains achètent la graine de moutarde jaune pour faire ce que l’on appelle au Québec la « moutarde baseball », comme la French’s. Les Européens se procurent quant à eux la moutarde brune pour leur Dijon, comme la Maille. Chaque année, près de 50 % des graines canadiennes sont vendues aux États-Unis. Environ 35 %, en Europe. Le reste est écoulé ailleurs dans le monde, indique Kevin Hursh. Hier, la maison mère de French’s, McCormick, n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.
ÉCONOMIE LOCALE
Le producteur de moutarde et président de la Saskatchewan Mustard Development Commission, Richard Marleau, estime pour sa part que le gouvernement Trudeau a peut-être choisi d’épargner la moutarde américaine parce que French’s achète canadien. « French’s s’approvisionne ici et fait toujours son ketchup au Canada, tandis que ce n’est plus le cas pour Heinz », conclut l’agriculteur.