L’énigmatique néonazie à l’épreuve de la justice
Important verdict attendu aujourd’hui en Allemagne
BERLIN | (AFP) Beate Zschäpe, qui attend aujourd’hui le verdict des juges concernant son rôle dans une dizaine de meurtres racistes, reste une énigme en Allemagne malgré plus de cinq ans de procès, marqués par son quasi-mutisme sur les faits.
Présentée par certains médias comme « l’incarnation du mal », cette Allemande de 43 ans à l’allure juvénile risque une peine de prison à perpétuité assortie d’une période de sûreté, à l’issue de l’un des plus grands procès de crimes racistes de l’après-guerre en Allemagne.
Malgré la gravité des crimes qui lui sont reprochés et la douleur exprimée à la barre par les proches des victimes, elle est restée, des années durant, murée dans son silence avant d’assurer à la clôture des débats, début juillet, que l’idéologie d’extrême droite n’avait « vraiment plus aucune importance pour elle ».
Et il a fallu attendre deux ans et demi d’audience pour qu’elle s’adresse pour la première fois à ses juges dans une lettre lue par l’un de ses avocats.
MEURTRES RACISTES
Elle rejette alors toute responsabilité dans le meurtre de huit Turcs ou personnes d’origine turque, d’un Grec et d’une policière allemande, tués entre 2000 et 2007, deux attentats à l’explosif contre des communautés étrangères et une quinzaine de braquages.
Les meurtres racistes visaient des petits commerçants, la plupart turcs ou d’origine turque, dans toute l’Allemagne.
« Je n’ai été impliquée ni dans la préparation ni dans la commission » de ces crimes qui ont beaucoup choqué l’Allemagne quand ils ont été découverts, affirme-t-elle.
Elle explique s’être résignée et ne pas avoir eu le courage de quitter ses deux acolytes, auteurs des meurtres, qui se sont suicidés en novembre 2011 alors qu’ils s’apprêtaient à être découverts par la police.
Elle raconte s’être distraite avec des jeux vidéo et avoir bu trois à quatre bouteilles de vin mousseux par jour pendant que ses deux complices, Uwe Mundlos et Uwe Böhnhardt, commettaient leurs forfaits.
Mais l’accusation a rejeté en bloc sa vision des faits, assurant au contraire qu’elle a activement fomenté ces crimes racistes. Le ministère public a brossé le portrait d’un être « froid et calculateur pour lequel la vie humaine ne joue aucun rôle ».