Le Journal de Montreal

Le renseignem­ent français était au courant des négos entre Lafarge et l’ÉI

- AGENCE QMI

Les services de renseignem­ent français étaient vraisembla­blement en partie au courant des présumées tractation­s entre le groupe État islamique (ÉI) et le cimentier franco-suisse Lafarge, révèle le journal Libération.

Des notes déclassifi­ées des services de renseignem­ent obtenues par le quotidien français montrent que les services secrets français suivaient l’évolution du dossier de l’usine de Lafarge en Syrie.

15 MILLIONS $ US

Lafarge aurait versé environ 15 millions $ US entre 2011 et 2014 à différente­s organisati­ons terroriste­s, incluant l’ÉI, afin de pouvoir poursuivre ses activités dans sa cimenterie syrienne. Cette entente a pris fin avec la prise de contrôle de la cimenterie en 2014 par des combattant­s de l’ÉI.

Cependant, Lafarge n’avait pas abandonné la Syrie après la prise de son usine. Les services secrets français estiment qu’un Canado-Syrien, Amro Taleb, aurait ensuite agi comme intermédia­ire entre le groupe terroriste et l’entreprise, puisque l’ÉI souhaitait vendre le ciment contenu dans les silos de l’usine et la remettre en activité.

Selon les notes internes, les reliquats de ciment présents dans l’usine avaient une valeur de 11,5 M$. « On comprend que le démantèlem­ent de l’usine Lafarge en Syrie se poursuit au bénéfice financier à la fois de Daech [ÉI] et des hommes d’affaires impliqués », peut-on lire dans une des notes, selon Libération.

Lafarge n’a finalement jamais relancé les activités de son usine après sa conquête par le groupe terroriste.

CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ

En juin 2018, l’entreprise franco-suisse a notamment été inculpée devant les tribunaux français pour complicité de crimes contre l’humanité et financemen­t d’une entreprise terroriste en France, en raison de ses versements présumés à l’EI.

Le Québécois Paul Desmarais Jr, co-PDG de Power Corporatio­n et membre du conseil d’administra­tion de LafargeHol­cim, avait été interrogé durant une dizaine d’heures dans le cadre de l’enquête sur l’entreprise franco-suisse. Il avait cependant affirmé, en mai dernier, que le conseil d’administra­tion de Lafarge n’était pas au courant des tractation­s entre l’entreprise et l’ÉI.

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