Un sommet plein de mensonges
Le président américain ne s’est pas gêné pour lancer plusieurs faussetés et exagérations
OTTAWA | Même si son passage au sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) n’a duré que deux jours, le président américain Donald Trump a réussi à semer la discorde dès les premières minutes en accusant la majorité de ses alliés de ne pas investir en défense nationale et même d’être à la merci de la Russie. Pour appuyer ses propos, il a lancé de nombreuses faussetés ou exagérations. Le Journal vous en présente cinq. CE QU’IL A DIT
« L’année qui a précédé ma première rencontre de l’OTAN, le montant d’argent dépensé par les pays [pour leurs budgets militaires] chutait et chutait de façon très substantielle, mais maintenant ça augmente de façon très substantielle », a déclaré le président.
LA RÉALITÉ
C’est totalement faux, s’entendent les experts consultés par Le Journal. La première rencontre à laquelle il a assisté s’est déroulée en 2017, mais les dépenses militaires de l’ensemble des 29 pays membres sont en augmentation depuis 2015.
CE QU’IL A DIT
« L’Union européenne empêche nos agriculteurs, nos travailleurs et nos entreprises de faire des affaires en Europe [déficit commercial de 151 G$], et ils veulent ensuite que nous les défendions allègrement par l’intermédiaire de l’OTAN et que nous payions gentiment le tout. Ça ne marche pas ! »
LA RÉALITÉ
Le président américain exagère de 50 G$. L’ensemble du déficit commercial des ÉtatsUnis avec l’EU se chiffre plutôt à 101 G$ si on inclut autant les échanges de biens que de services.
CE QU’IL A DIT
« Plusieurs pays ne payent pas à la hauteur de ce qu’ils devraient. Et, franchement, plusieurs pays nous doivent une énorme quantité d’argent depuis plusieurs années et ils sont délinquants, en ce qui me concerne, parce que les États-Unis ont dû payer pour eux », a tranché M. Trump lors d’un déjeuner au sommet.
CE QU’IL A DIT
« L’Allemagne est captive de la Russie parce qu’elle reçoit beaucoup d’énergie de la Russie. Nous sommes donc censés protéger l’Allemagne [des Russes], mais ils reçoivent leur énergie de la Russie », a lancé M. Trump lors d’un déjeuner impliquant plusieurs pays de l’OTAN.
CE QU’IL A DIT
« Les présidents essaient sans succès depuis des années d’amener l’Allemagne et d’autres pays riches de l’OTAN à payer davantage pour leur protection contre la Russie. Ils ne paient qu’une fraction de leur coût. Les États-Unis paient des dizaines de milliards de dollars de trop pour subventionner l’Europe et perdre gros sur le commerce ! »
LA RÉALITÉ
« C’est quelque chose qu’il dit souvent, et c’est de la foutaise totale. Les pays ne doivent pas d’argent à quelqu’un s’ils ne dépensent pas assez pour leur propre défense et n’atteignent pas la cible de 2 % du PIB dédié au budget militaire », analyse le professeur en relations internationales de l’Université Carleton, Stephen Saideman.
LA RÉALITÉ
« La préoccupation est quelque peu valide, admet le vice-président de l’Institut canadien des affaires mondiales, David Perry. Mais on est loin de pouvoir dire que l’Allemagne est captive de la Russie. Oui, l’Allemagne reçoit de l’énergie de la Russie, mais pas autant que Trump l’affirme », ajoute M. Saideman.
LA RÉALITÉ
« Les autres pays paient plus qu’une fraction du coût, explique M. Saideman. Seulement une fraction des dépenses américaines va à la défense de l’Europe, ce qui signifie que l’Europe dépense beaucoup plus d’argent pour assurer sa propre défense. »