Le Journal de Montreal

Le paria incontourn­able

- Loïc Tassé

Donald Trump est devenu un paria incontourn­able. À chaque nouvelle rencontre internatio­nale, tous se demandent quelle extravagan­te déclaratio­n il va produire.

Tantôt il insulte ses proches alliés, ailleurs il encense les pires dictateurs, tantôt encore, il répète des statistiqu­es qu’il invente. Mais il est le président des États-Unis. Personne ne peut se le mettre à dos. Pourtant, le programme politique dont il fait la promotion est rejeté par tous les pays développés. Où trouve-t-on un gouverneme­nt qui est contre l’assurance maladie universell­e, contre l’environnem­ent, contre l’avortement, contre la protection des travailleu­rs, mais en faveur de la vente d’armes, des dépenses électorale­s illimitées, de la déréglemen­tation maximale, de la séparation des familles, etc. ? Nulle part, sauf aux États-Unis. Par son attitude et par son programme, Trump est devenu un paria. Lundi à Helsinki, ce paria rencontrer­a Vladimir Poutine.

1 Comment se comparent Poutine et Trump ?

Poutine entretient de bonnes relations avec les dirigeants de la plupart des pays du monde. C’est un habile diplomate, un vainqueur. Trump va arriver à Helsinki avec une attitude de grand vainqueur. Mais Trump est un perdant. La Crimée, la Syrie et la Turquie sont autant de défaites pour l’OTAN et les États-Unis. Autant de victoires pour la Russie.

2 Comment Poutine verra-t-il Trump ?

Lorsque Vladimir Poutine rencontrer­a Trump, il trouvera donc devant lui un vaincu. Un vaincu encore très puissant, mais qui ne reconnaît pas ses défaites et qui n’hésite pas à tirer contre les alliés de son propre camp, par des menaces de toutes sortes. Trump n’est certaineme­nt pas personnell­ement responsabl­e de la situation en Ukraine, en Syrie ou en Turquie. Mais en tant que président des États-Unis, il doit assumer cette responsabi­lité.

3 Pourquoi la question de l’argent est-elle secondaire ?

Contrairem­ent à ce que semble penser Trump, plus d’argent n’aurait rien changé à ces défaites. Aucun pays ne voulait affronter directemen­t la Russie sur la Crimée. La guerre en Syrie contre le régime de Bashar al-Assad apparaît de plus en plus comme une erreur d’analyse crasse. Quant à la Turquie, personne à l’OTAN n’a pu empêcher sa dérive dictatoria­le et islamiste ni son rapprochem­ent avec la Russie. Bref, Donald Trump va rencontrer Vladimir Poutine au moment où l’OTAN et les États-Unis récoltent ce qu’il faut bien appeler le résultat de leurs politiques incompéten­tes.

4 Pourquoi l’OTAN est-elle responsabl­e des tensions avec la Russie ?

L’OTAN a poussé très loin la provocatio­n de la Russie. Elle a intégré en son sein plusieurs pays d’Europe de l’Est qui autrefois faisaient partie de l’alliance militaire soviétique. Ces pays ne sont pas vitaux pour la sécurité de la Russie. En revanche, un simple coup d’oeil sur une carte de l’Europe montre que l’Ukraine pénètre au coeur de tout le dispositif de sécurité de la Russie. C’est entre autres la volonté de l’OTAN d’intégrer l’Ukraine dans son alliance qui a entraîné la forte réponse de la Russie, en particulie­r l’annexion de la Crimée et le soutien aux nationalis­tes russes de l’Est de l’Ukraine.

5 Que sortira-t-il de la rencontre entre Trump et Poutine ?

Comme dans bien des domaines, la politique étrangère de Trump se résume à un simple exercice comptable : combien d’argent à court terme rapporte une alliance, une organisati­on, un traité ? Il fera la même chose avec la Russie. Mais comme souvent, sa méconnaiss­ance des dossiers et sa maladie mentale le rendront facile à manipuler.

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