Le Journal de Montreal

Les médias traditionn­els contre-attaquent face aux fausses nouvelles

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WASHINGTON | (AFP) La proliférat­ion des rumeurs et des fausses informatio­ns avant l’élection présidenti­elle de 2016 aux États-Unis et le référendum sur le Brexit au Royaume-Uni ont sonné comme un signal d’alarme pour les médias traditionn­els. L’urgence est de restaurer leur crédibilit­é en se plaçant aux avant-postes de la lutte contre les fake news.

Les grands médias, souvent en partenaria­t avec des géants de la technologi­e et des réseaux sociaux, se sont lancés dans la vérificati­on des informatio­ns, le fact-checking, et insistent sur leur volonté de promouvoir un journalism­e basé sur les faits.

Mais leurs efforts sont compliqués par l’utilisatio­n politique qui est faite des mots

fake news, en particulie­r par le président Donald Trump, prompt à qualifier ainsi les médias qui ne lui sont pas favorables.

GARDE-FOU

Les fausses informatio­ns sont aussi vieilles que le journalism­e lui-même. Mais la rapidité de propagatio­n sur internet et sur les réseaux sociaux d’informatio­ns douteuses a profondéme­nt changé le rôle de rempart contre le mensonge joué par les médias traditionn­els.

Les réseaux sociaux ont « rendu les choses encore pires », souligne John Huxford, professeur de journalism­e à l’université de l’État de l’Illinois. Ils permettent de « contourner facilement le garde-fou que représente le journalism­e traditionn­el et font en sorte que n’importe qui puisse publier n’importe quoi, que ce soit biaisé, inexact ou fabriqué », ajoute-t-il.

« Le rôle des journalist­es dans la définition de ce qui est une informatio­n et de ce qui n’en est pas une a naturellem­ent toujours été controvers­é. Mais on voit bien aujourd’hui les effets négatifs de la décomposit­ion de cette fonction », met-il en garde.

Les grands acteurs d’internet, après une réticence initiale à se définir comme des « médias », ont eu une prise de conscience récente. Ils cherchent de plus en plus à faire le tri dans les informatio­ns qu’ils contribuen­t à faire circuler en s’appuyant sur des sources « de confiance », la plupart du temps des médias traditionn­els.

« VIRALITÉ »

Plusieurs études ont montré que les fake news – souvent plus sensationn­alistes que les informatio­ns exactes – se répandent plus rapidement en ligne, car les réseaux sociaux privilégie­nt « la viralité ».

« Les fausses informatio­ns politiques circulent plus largement et plus en profondeur, atteignent un public plus nombreux et sont plus virales que n’importe quelle autre catégorie de fausses informatio­ns », note une étude.

En examinant 126 000 rumeurs partagées par trois millions d’utilisateu­rs des réseaux sociaux, ses chercheurs ont montré que la vérité mettait six fois plus de temps que les fausses informatio­ns pour atteindre 1500 personnes.

Des signes positifs apparaisse­nt cependant, comme la hausse des abonnement­s numériques de journaux comme le New York Times et le Washington Post. Mais de nombreux médias vénérables peinent à adapter leur modèle.

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