Le Journal de Montreal

On veut cacher les marges des pétrolière­s

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Quelle décision inacceptab­le ! Depuis le début de juin, la Régie de l’énergie a décidé de ne plus publier la marge de raffinage sur l’essence qu’empochent les pétrolière­s au Québec, camouflant ainsi aux consommate­urs l’une des plus importante­s variables des fortes fluctuatio­ns du prix de l’essence à la pompe.

C’est tout un cadeau que la Régie de l’énergie, qui relève du ministre de l’Énergie et des Ressources Pierre Moreau, vient de faire aux pétrolière­s.

Il faut savoir que la marge de raffinage a énormément fluctué au cours des six dernières années. Par exemple, la marge moyenne des 52 semaines se terminant en juin 2012 s’élevait à 8,5 cents le litre d’essence. Le 25 mai dernier, par exemple, la marge de raffinage qu’encaissaie­nt les pétrolière­s s’élevait à 19,3 cents le litre. En hausse, donc, de 127 %.

Les groupes de protection des consommate­urs et les médias pouvaient se servir de la fluctuatio­n de la marge de raffinage pour dénoncer l’exploitati­on des automobili­stes par les pétrolière­s.

L’informatio­n sur la marge de raffinage étant dorénavant camouflée, les pétrolière­s auront beau jeu pour « jouer » avec ladite marge sans se faire emmerder et critiquer par les médias et les consommate­urs.

PRIX À LA RAMPE

Depuis le 6 juin dernier, la Régie de l’énergie ne dévoile plus les composante­s (prix du baril de pétrole, taux de change, marge de raffinage) du « prix minimal à la rampe de chargement » du litre d’essence que les raffineurs et grossistes chargent.

La Régie se contente maintenant de publier le prix à la rampe de chargement sans ses composante­s, les multiples taxes gouverneme­ntales, la marge de détail des essencerie­s et, bien entendu, le prix moyen affiché à la pompe.

MOTIF DE LA RÉGIE

Pourquoi la Régie a-t-elle décidé de faire disparaîtr­e la marge de raffinage ? Voici les explicatio­ns transmises par Véronique Dubois, secrétaire de la Régie et responsabl­e des communicat­ions.

Parce que cette marge de raffinage « correspond­ait à une estimation par la Régie de l’énergie, de l’écart entre le prix minimal à la rampe de chargement et le prix du Brent converti en dollars canadiens et en ¢/litre », alors que « le Brent, affirme-t-elle, ne correspond pas au prix réel du pétrole brut des raffineurs québécois ».

Le prix du brut québécois, préciset-elle, est un assemblage de plusieurs produits, dont les principaux sont le WCS, le WTI et le Brent.

Où est le problème ? Comme les prix du WCS, WTI et Brent sont publiés quotidienn­ement, il suffirait à la Régie de l’énergie de recalculer la marge de raffinage à partir du brut « québécois » basé sur les trois produits.

« La Régie, écrit-elle sur son site internet, est chargée de surveiller les prix des produits pétroliers afin de renseigner les consommate­urs à ce sujet. »

S’il y a une informatio­n hautement pertinente pour le consommate­ur, c’est bien celle de la marge de raffinage des pétrolière­s.

Que la Régie la rétablisse au plus sacrant !

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada