Le Journal de Montreal

Le soccer, un sport pour les riches ?

La gardienne de l’équipe américaine crée la controvers­e en déclarant que ce sport est destiné « aux enfants de familles blanches et riches »

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Les commentair­es de Hope Solo, prononcés en pleine Coupe du monde, ne sont pas passés inaperçus et en ont fait sourciller plus d’un.

Comment le soccer, qui se veut le sport où l’on semble le plus prôner la diversité et l’égalité des chances, et dont certains des meilleurs talents proviennen­t de pays parmi les plus pauvres de la planète, est-il soudaineme­nt devenu un sport de riches auquel ont avant tout accès les jeunes blancs ? Après tout, un ballon, une paire de souliers et quelques objets divers permettant d’improviser un filet ne suffisent-ils pas pour jouer au soccer ? À première vue, ça semble moins coûteux que des discipline­s exigeant de l’équipement et des installati­ons spécifique­s comme le hockey, le ski alpin ou le golf. Une fois la poussière retombée à la suite des commentair­es de Solo, des précisions ont été apportées. Les observatio­ns de la gardienne visaient surtout les jeunes joueurs pratiquant le soccer de haut niveau. Selon elle, les frais d’inscriptio­n qu’exigent les équipes d’élite aux jeunes athlètes font en sorte que le soccer de haut niveau est devenu de moins en moins accessible pour les jeunes Américains issus des communauté­s noires et latinos. Toujours selon Hope Solo, les pièces d’équipement dernier cri, les voyages à l’extérieur de la région afin de participer à des tournois et les coûts engendrés par les équipes notamment pour embaucher les meilleurs entraîneur­s font en sorte que les frais d’inscriptio­n sont de plus en plus élevés pour les enfants, et par conséquent les parents.

Quand on se compare, on se console

Les études les plus récentes effectuées au sujet des coûts liés à la pratique d’un sport par les enfants donnent en partie raison à Hope Solo.

Des chercheurs de la Utah State University ont déterminé qu’en 2016, une famille américaine pouvait dépenser jusqu’à 5500 $ en une seule année pour qu’un enfant joue au soccer. La moyenne était cependant de 1472 $ annuelleme­nt.

Par contre, il y a pire. Aux États-Unis, les parents d’enfants inscrits à la crosse, au hockey, au baseball/softball ou encore au football se retrouvent avec une facture plus salée, tandis que le basketball s’avère moins dispendieu­x que le soccer.

Chez nous, les résultats d’un sondage de la firme Ipsos datant d’un peu moins d’un an placent le hockey en tête des activités les plus coûteuses pour les enfants canadiens, suivi des cours de langue, des leçons de danse, de la crosse, de la gymnastiqu­e, des arts martiaux et du ski. Une famille sur dix s’attendait à dépenser plus de 2000 $ à cet effet en 2017.

En ce qui concerne l’activité à la fois la plus populaire et la plus économe, il s’agit de la natation. Mais encore là, lorsque les jeunes athlètes pratiquent le sport à un niveau plus compétitif, les coûts montent en flèche, poussant plusieurs familles à emprunter afin de couvrir ces mêmes coûts.

Bref, le sport demeure accessible pour la grande majorité des enfants, sauf que pour évoluer au sein des meilleures équipes et prendre part aux compétitio­ns les plus prestigieu­ses, les parents doivent avoir les reins suffisamme­nt solides sur le plan financier.

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PHOTO AFP Hope Solo.

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