Le Journal de Montreal

Le regard des autres me pourrit la vie Pensée du jour

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Depuis mon enfance, on me croit timide. J’ai du mal à aller vers les autres. Je m’imagine toujours avoir quelque chose de moins qui m’interdit de m’exposer au regard et au jugement des autres. À l’école, je restais silencieus­e même si je connaissai­s la réponse, de peur de me faire rabrouer comme je l’étais à la maison par des parents qui, en intellectu­els qu’ils étaient, m’obligeaien­t à la plus sérieuse réflexion quand je souhaitais m’exprimer sur un sujet.

Malgré cela, j’étais toujours première de classe parce que les examens se passaient entre la feuille et moi, sans personne pour scruter mes réponses. Je me suis quand même épanouie et j’ai fait des études supérieure­s qui m’ont permis d’avoir un travail valorisant et rémunérate­ur. Je suis en couple avec un homme qui m’aime et avec qui je souhaite fonder une famille.

Comme moi, c’est un homme effacé qui ne fait pas beaucoup de vagues. On est tellement pareils que je me demande souvent si je ne l’ai pas choisi pour compenser la présence envahissan­te de mes parents jadis, dans ma vie d’avant leur décès. Ce pourquoi je vous écris aujourd’hui, c’est ma crainte de mettre des enfants au monde et de leur transmettr­e ce malaise intérieur qui ne m’a jamais quittée, malgré le succès apparent de ma vie personnell­e et profession­nelle.

La peur viscérale qui me transperce chaque fois que je me vois dans le regard ou le jugement des autres, je ne voudrais tellement pas que mes enfants en soient contaminés. Vous allez peut-être me dire que mes parents étaient à l’inverse de moi, et comme ils ne m’ont pas aidés à guérir, bien au contraire, ça signifie peut-être qu’il n’y a aucun danger pour mes enfants. J’aimerais votre avis sur mes craintes, que mon conjoint rejette du revers de la main. Sophie

Vous me semblez donner une garantie que vous n’allez pas contaminer vos futurs enfants, ce qui devrait vous rassurer, parce que vous êtes consciente de ce qui vous affecte et qui vous a toujours affectée. Donc vous devriez rester vigilante à ne pas polluer leur vie avec ça. Vos parents étaient loin d’être comme vous, et pourtant leur attitude n’a C’est seulement en donnant que l’on se possède complèteme­nt. Tout ce que l’on est incapable de donner finit par nous posséder. – André Gide servi qu’à faire grandir votre faille. Comme quoi les pires pollutions ne viennent pas nécessaire­ment d’où l’on pense. Mais pour plus de sûreté, pourquoi ne pas vous offrir une thérapie susceptibl­e de guérir en vous cette anxiété sociale ? Ne méritez-vous pas ce cadeau qui vous libérerait en plus de la peur d’imposer votre tare à votre descendanc­e ? Il n’existe pas de parents parfaits, mais se donner la chance d’être au mieux de ce que l’on peut faire dans cette tâche, c’est déjà aspirer à un idéal.

À bas le cannabis !

Je m’explique mal cette réponse que vous avez faite ce matin à Josée qui vous expliquait les ravages causés par la consommati­on excessive de cannabis chez un de ses proches, tentant ainsi de justifier sa volonté de ne pas la voir offerte sur le marché légal : « On peut au moins espérer que les campagnes d’éducation à la consommati­on du cannabis qui accompagne­ront cette légalisati­on auront le même effet dissuasif que pour l’alcool et la cigarette. » D’où sortez-vous que la publicité contre l’alcool et le tabac ait pu avoir quelque effet dissuasif ? Gilles

Je le tiens de rapports issus d’organismes de surveillan­ce ainsi que de statistiqu­es gouverneme­ntales. Selon Statistiqu­e Canada, la baisse de consommati­on de tabac au pays a fait des pas de géants entre 2000 et 2015, alors qu’elle est passée de 26 % à 17,7 %. Selon un rapport de mai 2017 fait par Éduc-alcool, la consommati­on d’alcool moyenne des Québécois est passée dans les 5 dernières années de 3,3 à moins de trois verres, à la suite des campagnes de prévention.

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SAMEDI 14 JUILLET 2018

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