Le Journal de Montreal

Kerber réédite l’exploit de Graff

- PIERRE DUROCHER

WIMBLEDON | Autant la demi-finale entre Rafael Nadal et Novak Djokovic a offert du jeu époustoufl­ant aux spectateur­s en ce bel après-midi, hier, à Wimbledon, autant la finale féminine entre Serena Williams et Angelique Kerber n’a pas répondu aux attentes.

Les amateurs (et les journalist­es) espéraient assister à une victoire de l’Américaine de 36 ans. Ç’aurait été un scénario hollywoodi­en de la voir remporter un huitième titre à Wimbledon, 10 mois après avoir donné naissance à une fille et après avoir frôlé la mort sur un lit d’hôpital en raison d’une embolie pulmonaire.

J’avais déjà mon titre en tête : la reine mère. Serena n’a cependant jamais été dans le coup, Kerber l’emportant facilement en deux manches de 6-3, 6-3 dans un match qui n’a duré que 65 minutes.

C’est à peine si les spectateur­s ont eu le temps d’aller se commander une deuxième bière froide ou un bon verre de Pimm’s, la boisson alcoolisée préférée des Britanniqu­es en été.

Et dire que le duel Nadal-Djokovic a pris fin après cinq heures et 15 minutes de jeu endiablé !

COMME SON IDOLE

Williams a multiplié les fautes directes (24) lors de cette finale alors que Kerber n’en commettait que cinq en route vers un troisième titre dans un tournoi du Grand Chelem, un premier depuis 2016 et un premier à Wimbledon.

La dernière joueuse allemande à avoir triomphé sur le gazon du All England Club avait été son idole, la grande Steffi Graff, en 1996.

Kerber a imposé sa loi dès le début du match en brisant le service de Williams. Elle a disputé une rencontre sans bavure pour ainsi venger l’échec encaissé contre Serena lors de la finale de 2016 à Wimbledon.

« Je savais que je devais y aller de mon meilleur niveau de jeu pour espérer battre Serena, a déclaré la nouvelle reine de la saison sur le gazon. Je suis très fière d’être la deuxième Allemande à triompher sur ce site mythique. C’est incroyable. »

En entrevue sur le court, Kerber a rendu un bel hommage à sa rivale.

« Serena, tu es une personne formidable et une grande championne. Tu représente­s un modèle d’inspiratio­n pour nous toutes. Je suis certaine que tu auras l’occasion de te reprendre pour obtenir un autre titre dans un tournoi du Grand Chelem. »

Ça pourrait se produire en septembre lorsque Williams se présentera aux Internatio­naux des États-Unis à Flushing Meadows.

UN PAS DE GÉANT

Bien que déçue de la tournure des événements, Serena était de tout de même sereine après ce match disputé sous les yeux de son amie Meghan Markle, la duchesse de Sussex.

« Je suis très heureuse de m’être rendue aussi loin dans ce tournoi majeur, a dit celle qui avait dû se retirer du tournoi de Roland-Garros avant un match contre Maria Sharapova en raison d’une blessure. Angelique a très bien joué du premier au dernier point et elle mérite pleinement cette victoire. Je suis vraiment heureuse pour elle.

« De mon côté, je viens à peine de recommence­r à jouer après avoir donné naissance à ma fille, Alexis Olympia, et après avoir dû surmonter de sérieux ennuis de santé. Je ne peux pas être déçue de mon rendement durant ces deux semaines passées à Wimbledon.

« J’ai l’impression que c’est le début d’une autre belle aventure. J’ai le sentiment d’avoir effectué un pas de géant dans la bonne direction. J’ai pu prouver que je suis compétitiv­e et que je peux aspirer à remporter un autre tournoi du Grand Chelem dans ma carrière, même à 36 ans.»

On sait qu’il ne lui manque qu’un seul triomphe pour égaler la marque de 24 victoires en tournois du Grand Chelem qui appartient à Margaret Court.

Très émue sur le court après sa défaite, Serena Williams a livré un message à toutes ces femmes qui doivent gérer leur rôle de mère et leur boulot. « À toutes les mères, je jouais pour vous aujourd’hui, et j’ai fait de mon mieux », a dit Serena.

CLIJSTERS SAIT BIEN CE QU’ELLE VIT

Williams aimerait bien devenir la quatrième mère de famille dans l’histoire du tennis à remporter un tournoi du Grand Chelem. Avant elle, il y a eu Margaret Court, Evonne Goolagong et Kim Clijsters.

Cette dernière était présente plus tôt cette semaine à Wimbledon et la gentille Belge a parlé des difficulté­s auxquelles font face les joueuses qui reprennent la compétitio­n après un congé de maternité.

« Que vous soyez une athlète ou non, c’est toujours difficile de reprendre le travail, a raconté Clijsters. De s’occuper d’un enfant lors de la première année de sa vie est exigeant. Les nuits sont courtes et on s’en ressent physiqueme­nt.

« Je me sentais parfois coupable de laisser ma fille à la gardienne pendant que je disputais des matchs de tennis », a ajouté celle qui a remporté les Internatio­naux des États-Unis en 2009 sous les yeux de sa fille Jada, alors âgée de 18 mois.

« Il est difficile de trouver le juste équilibre entre sa vie familiale et sa carrière. Ça demande beaucoup de flexibilit­é et d’organisati­on. C’est la même chose pour toutes les mamans qui retournent au travail. »

Serena Williams a rédigé un message sur son compte Twitter la semaine dernière dans lequel elle a confié avoir pleuré en apprenant qu’elle avait raté les premiers pas de sa fille.

« SURTOUT TRÈS FIÈRE D’ÊTRE LA DEUXIÈME ALLEMANDE À TRIOMPHER SUR CE SITE MYTHIQUE » – Angelique Kerber

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada