Trump qualifie la Russie d’ennemie
Ce dernier coup de gueule du président américain pourrait compliquer sa rencontre avec Vladimir Poutine
HELSINKI | (AFP) Le président américain Donald Trump a classé hier la Russie parmi les « ennemis » des États-Unis, à la veille de son sommet historique avec son homologue russe Vladimir Poutine à Helsinki, d’ores et déjà terni par l’enquête sur l’ingérence russe dans la présidentielle américaine.
Avant d’attaquer sa tournée européenne, Donald Trump avait prédit que l’étape d’Helsinki, où il doit retrouver Vladimir Poutine, serait la « plus facile », mais les dernières déclarations du locataire de la Maison-Blanche risquent de tempérer les espoirs de détente entre Washington et Moscou.
Dans une interview à la chaîne CBS samedi, diffusée hier, Donald Trump a estimé que la Russie, l’Union européenne et la Chine étaient, pour différentes raisons, des « ennemis ».
« La Russie est un ennemi par certains aspects. La Chine est un ennemi économique, évidemment c’est un ennemi. Mais ça ne veut pas dire qu’ils sont mauvais, ça ne veut rien dire. Ça veut dire qu’ils sont compétitifs », a déclaré M. Trump.
WEEK-END « SPORTIF »
Quittant un peu plus tard l’Écosse pour la Finlande, il a tout de même assuré sur son compte Twitter « se réjouir de rencontrer le président », aujourd’hui. Avant d’ajouter: « Malheureusement, quels que soient les résultats que j’obtiendrai au sommet [...] on me fera des critiques à mon retour en disant que ce n’était pas assez. »
Le président américain et son homologue russe, dont les moindres faits et gestes seront scrutés à travers le monde, se retrouveront dans la capitale finlandaise à l’issue d’un week-end « sportif ».
Le premier a goûté aux joies du golf – sa « principale forme d’exercice » selon ses termes – dans son luxueux complexe hôtelier écossais de Turnberry.
Le second a assisté hier soir à la finale du Mondial 2018 de football à Moscou qui a vu la France sacrée aux dépens de la Croatie (4-2).
À cette occasion, il devait s’entretenir avec les chefs d’État des deux nations finalistes, le Français Emmanuel Macron et la Croate Kolinda Grabar-Kitarovic.
Donald Trump et Vladimir Poutine s’entretiendront d’abord en tête-à-tête avec leurs seuls interprètes au palais présidentiel, avant d’ouvrir la réunion à leurs délégations respectives pour un déjeuner de travail.
La journée s’achèvera par une conférence de presse commune qui pourrait être haute en couleur étant donnée la propension du magnat de l’immobilier à bondir d’un sujet à l’autre et à s’emporter face à des journalistes.
MANIFESTATIONS
À la veille de leur entrevue, entre 2000 et 2500 personnes ont manifesté « pour les droits de l’homme » à Helsinki. Non loin du palais présidentiel qui accueille le sommet, les manifestants ont dénoncé la politique des deux chefs d’État avec la même virulence. « Vous commanditez les guerres, mais c’est l’Europe qui en paye le prix », pouvait-on lire sur une banderole.
Kira Vorlick, une Américaine d’une trentaine d’années, affirme avoir quitté son pays « pour être débarrassée » de Donald Trump. Et selon elle, « Trump n’aurait pas dû rencontrer Poutine » après l’inculpation cette semaine aux États-Unis de douze agents russes accusés d’ingérence dans la présidentielle américaine.