L’Afghanistan a connu son semestre le plus meurtrier pour les civils en 10 ans
KABOUL | (AFP) Au moins sept personnes ont été tuées hier à Kaboul dans un attentat-suicide revendique par les djihadistes du groupe État islamique (ÉI) à l’heure de sortie des bureaux, à proximité du ministère du Développement rural où se trouvaient présents des conseillers étrangers.
Hier, la mission des Nations unies en Afghanistan (MANUA) a publié son rapport semestriel sur les victimes civiles du conflit afghan, qui fait apparaître un bilan record de près de 1700 morts sur les six premiers mois de l’année.
C’est le pire enregistré depuis dix ans que l’ONU a commencé à comptabiliser les victimes civiles en 2009, malgré les trois jours de cessez-le-feu en juin.
La moitié de ces victimes ont été tuées dans des attentats, attribués majoritairement au groupe État islamique.
Au total sur la période, la population a enregistré 5122 victimes, morts et blessés confondus, précise la Manua.
La capitale, Kaboul, et la province du Nangarhar, dans l’est, ont été les plus touchées — y compris durant le cessez-le-feu dont l’ÉI était exclu.
Le 30 avril, un double attentat-suicide au milieu des reporters accourus pour couvrir une première explosion visant le siège des renseignements afghans dans la capitale a fait 25 morts, dont neuf journalistes. Parmi eux, le chef photographe de l’AFP Shah Marai.
Dans le Nangarhar, le nombre de victimes civiles a pratiquement doublé en un an (304 morts, 607 blessés) du fait des attentats.
BASE ARRIÈRE
Les djihadistes de l’ÉI, apparus début 2015 dans la province, frontalière du Pakistan, en ont fait sa base arrière même si les forces américaines ont accentué la pression pour le chasser de ses bastions, il est toujours présent.
Les talibans, qui ont observé la trêve de l’Aïd-ElFitr avec le gouvernement du 15 au 17 juin, sont responsables de 40 % des morts sur la même période. Un attentat à l’ambulance piégée revendiqué par les talibans fin janvier à Kaboul avait fait plus de 100 morts au coeur de la ville.
ÉLECTIONS
La préparation des élections législatives d’octobre, les premières depuis 2010, occasionne des violences supplémentaires relève l’ONU : 117 personnes ont été tuées et 224 blessées dans des attentats contre les centres d’inscriptions sur les registres électoraux, ouverts le 14 avril.
Dans ce conflit qui s’éternise — près de quarante ans au total, dont dix-sept depuis l’arrivée des Américains en octobre 2001 — les combats terrestres n’arrivent qu’au deuxième rang des causes de mortalité et de blessures dans la population afghane, en baisse de 18 % sur la période. La première cause reste les attentats-suicide et attaques complexes (attaques déclenchées par un kamikaze, suivies d’occupation des sites visés et échanges de tirs).