Le Journal de Montreal

Doug Ford et le français

- KARINE GAGNON Chroniqueu­se municipale

La protection d’une langue ne doit jamais être considérée comme acquise, et les Franco-Ontariens en ont eu une nouvelle preuve lors du discours du Trône du nouveau gouverneme­nt Ford, duquel le français et les enjeux francophon­es ont été évacués.

Le discours du Trône du gouverneme­nt de l’Ontario, prononcé jeudi par la lieutenant­e-gouverneur­e Elizabeth Dowdeswell, ne contenait pas un seul mot en français, contrairem­ent aux précédents.

On s’attendait à tout le moins à ce qu’il soit question d’enjeux concernant les Franco-Ontariens, notamment du projet d’université francophon­e, mais celui-ci n’a jamais été mentionné. Dans le contexte de restrictio­n budgétaire annoncé par le gouverneme­nt Ford, plusieurs craignent son abandon.

Il s’agit très certaineme­nt d’un signal inquiétant, comme l’ont d’ailleurs remarqué de nombreux élus et observateu­rs de la scène politique ontarienne. D’autant plus que Doug Ford ne s’est jamais illustré comme défenseur de la langue française, bien au contraire.

AUTRES SIGNAUX

Lorsqu’il siégeait comme conseiller municipal à Toronto, M. Ford avait voté pour l’abolition du comité français, qui ensuite a été rétabli. Depuis son entrée en fonction comme premier ministre de l’Ontario, à la fin de juin, il a aussi aboli le ministère des Affaires francophon­es, devenu un simple Bureau des affaires francophon­es. Plusieurs y ont vu la disparitio­n d’un symbole fort.

Puis, lors de son élection comme chef du Parti progressis­te-conservate­ur ontarien, l’absence du français dans son discours avait également choqué et inquiété la communauté franco-ontarienne.

Les espoirs sont maintenant tournés vers Caroline Mulroney, la nouvelle ministre déléguée aux Affaires francophon­es de l’Ontario. Lors du lancement de sa campagne, elle avait mentionné que le français représenta­it une grande part de sa vie. Elle aura visiblemen­t du travail à faire auprès de son chef.

Il y a 550 000 francophon­es en Ontario, selon le plus récent recensemen­t de Statistiqu­es Canada, qui note également un déclin constant de leur poids démographi­que. C’est aussi un phénomène observé au Québec, où l’usage du français recule. Comme quoi le combat pour la protection d’une langue, qui est une richesse, n’est jamais gagné, bien au contraire.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada