Après l’euphorie de 1994, le blues du début de siècle
JOHANNESBURG | (AFP) L’élection en 1994 de Nelson Mandela, premier président sud-africain noir, a suscité beaucoup d’espoirs dans un pays meurtri par des décennies d’apartheid. Un quart de siècle plus tard, et cent ans après sa naissance, beaucoup ont été déçus.
L’Afrique du Sud est la société la plus inégalitaire au monde, selon un rapport publié cette année par la Banque mondiale.
« Les inégalités ont augmenté depuis la fin de l’apartheid en 1994 », constate l’institution. « La race joue toujours un rôle déterminant dans la capacité à trouver un emploi et dans les salaires des employés. »
Malgré l’émergence d’une classe moyenne noire, 20 % des foyers noirs vivent dans une extrême pauvreté contre 2,9 % des foyers blancs, selon l’Institut sud-africain des relations entre les races (IRR).
Entre 2011 et 2015, 3 millions de Sud-Africains de plus ont basculé dans la pauvreté, selon la Banque mondiale.
CHÔMAGE
Avec la fin de l’apartheid, l’Afrique du Sud, longtemps paria, devait réintégrer le concert des nations et renouer avec les bénéfices de l’intégration à l’économie mondiale.
Las, le chômage continue de gangréner la première puissance industrielle du continent africain et frappe actuellement 26,7 % de sa population active, contre 20 % en 1994.
Ce taux atteint même 52 % parmi les jeunes de 15 à 24 ans, la génération des born free, les « nés libres » après l’apartheid.
Entre 1994 et 2006, la croissance économique annuelle est passée de 3,2 % à 5,6 %. La crise financière mondiale l’a fait plonger à -1,5 % en 2009, mais elle peine à redécoller depuis (+1,5 % prévu cette année).
La corruption au plus haut sommet de l’État et dans les entreprises publiques est en outre devenue endémique sous la présidence de Jacob Zuma (2009-2018).
RACISME PERSISTANT
Dans un contexte de fortes disparités économiques, les tensions raciales continuent de déchirer le pays et de mettre à dure épreuve le projet de « nation arc-en-ciel » de Nelson Mandela.
En 2000, 72 % des Sud-Africains constataient une amélioration des relations raciales dans le pays, selon un sondage annuel publié par la présidence. Ils n’étaient que 45 % en 2014.
Des commentaires racistes, amplifiés par les réseaux sociaux, continuent de provoquer régulièrement l’émoi.