Le Journal de Montreal

DEUX CHAMPIONS DEUX ÉPOQUES

Gérald Rocheleau en 1969 et David Veilleux en 2005

- Alain Bergeron l∫ ABergeronJ­DQ alain.bergeron @quebecorme­dia.com

VAL-D’OR | Si Gérald Rocheleau et David Veilleux s’assoient un jour ensemble pour échanger leurs souvenirs de champions du Tour de l’Abitibi, il faudra un décodeur pour arriver à comparer leurs époques.

Rocheleau a remporté l’édition initiale en 1969 et Veilleux demeure le dernier Québécois en lice à en faire autant, 36 ans plus tard. Autrement dit, une génération et demie les sépare.

« ON ÉTAIT DES PIONNIERS »

Ne serait-ce que pour les dispositio­ns inimaginab­les dans lesquelles s’est orchestrée la première victoire, Rocheleau détonne dans l’histoire, lui qui ne fut initié au vélo qu’à l’âge de 14 ans. Cet adolescent à la grosse ossature, rompu au sens du travail à force de bosser à la ferme, venait d’avoir 16 ans quand il s’est présenté au départ à Amos sans entraîneur pour leur équipe de Longueuil, avec son maillot de coton pesant 20 livres et son casque à boudins.

« On était des pionniers, alors qu’aujourd’hui, les coureurs sont mieux entraînés et plus forts », reconnaît le retraité qui a gagné sa vie sur les rails du Canadien National.

« C’était la première fois que j’arrivais dans une aussi grosse compétitio­n. Il y avait des gens assis sur leur chaise autour du parcours pour nous regarder pédaler. »

VERS LE TOUR DE FRANCE

Autre signe du temps, sa carrière cycliste a fondu rapidement, faute de débouchés dans ce sport pour un adolescent québécois de la Révolution tranquille. Des horizons plus vastes existaient déjà lorsque David Veilleux, grâce à son éloquente victoire en 2005, les a élargis davantage.

« Ça demeure un grand souvenir pour moi. C’est la première grande course internatio­nale que j’ai remportée et qui a eu un grand impact sur ma carrière. Elle m’a donné un élan et la confirmati­on que le niveau internatio­nal n’était pas si loin pour moi », affirme Veilleux qui a signé son sacre avec l’équipe du Canada lors de sa deuxième participat­ion.

La suite nous l’a gardé dans l’actualité: multiple champion canadien aux niveaux suivants, il est entré dans une équipe continenta­le américaine avant d’aboutir dans l’équipe profession­nelle française d’Europcar. Vainqueur de la première étape du Critérium du Dauphiné, il est devenu en 2013 le premier Québécois à participer et à compléter le Tour de France avant d’annoncer sa retraite quelques semaines plus tard afin de se consacrer à sa carrière d’ingénieur mécanique.

UNE FIERTÉ COMMUNE

Là où les deux hommes se rejoignent sans doute, c’est dans leur fierté d’avoir signé pour toujours leur nom dans l’histoire de cette épreuve internatio­nale jouée dans leur province.

« J’ai encore le trophée que j’avais gagné et il est longtemps resté dans la chambre de mes enfants. J’ai éliminé plusieurs trophées, mais pas celui-là », assure Gérald Rocheleau, qui a annoncé se joindre aux 100 participan­ts du Tour des légendes samedi prochain à Val-d’Or.

« C’est là aussi qu’on voit que les années filent », ajoute-t-il.

Heureuseme­nt, c’est pourquoi des empreintes ne s’effacent jamais.

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David Veilleux (no 76) a livré une lutte acharnée à son coéquipier Éric Boily (no 73) pour remporter le Tour en 2005.
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