Le Journal de Montreal

Bergevin : sans détour

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Chaque semaine, les partisans du Canadien peuvent communique­r, via le site internet de l’équipe, avec un membre de l’état-major, particuliè­rement le président et propriétai­re, Geoff Molson, et le directeur général Marc Bergevin.

Et, dans le contexte actuel, les deux hommes sont bien conscients qu’ils ne peuvent se défiler. Par conséquent, ils doivent répondre aux questions.

Vendredi, Marc Bergevin a affirmé qu’il assume l’entière responsabi­lité de la situation actuelle de l’équipe. Il admet qu’après avoir connu des moments intéressan­ts et surtout des moments qui laissaient présager des résultats intéressan­ts, la sauce s’est gâtée.

SITUATION À CORRIGER

Son équipe a raté les séries éliminatoi­res en deux occasions au cours des trois dernières années et n’allez surtout pas faire un gros pari que le Canadien sera au rendez-vous printanier en avril 2019.

« On apprend toujours des erreurs commises au cours d’un parcours aussi difficile, a-t-il précisé. C’est moi le responsabl­e, je ne le cache pas. Maintenant, je dois corriger la situation. » A-t-il vraiment le choix ? Ça passe ou ça casse. Mais attention. Il faut croire que son plan, celui qu’il a concocté avec la complicité de Geoff Molson, n’est pas de faire du Canadien une équipe aspirante à la Coupe Stanley du jour au lendemain. Ça ne se fait pas.

Il reconnaît que la meilleure façon de gravir les échelons, ce sera par le biais de l’encan des joueurs amateurs. « On veut un joueur de centre de haut niveau. Mais, les équipes qui en possèdent un ou deux, elles n’ont aucunement l’intention de s’en départir. Il y a eu John Tavares cette année, mais un joueur aussi talentueux est rarement sur le marché, cela se produit une fois par 10 ans. » Quoi faire alors ? « Il n’y a pas d’autres options que le repêchage. »

Donc, le Canadien va bâtir sa ligne de centre en mettant beaucoup d’emphase sur le développem­ent de Jesperi Kotkaniemi et Ryan Poehling. Quand pourront-ils rejoindre la grande formation ? Pas de réponse pour le moment.

Mais, ce qu’on doit retenir des propos de Bergevin, c’est qu’il n’a plus le choix. Il doit passer par l’encan des joueurs amateurs. Comme l’ont fait les Blackhawks, il y a une dizaine d’années. Comme l’ont fait les Bruins. Comme l’ont fait les Kings. Comme l’ont fait les Capitals. Comme l’ont fait les Penguins. Et comme le fait le Lightning et comme le font les Maple Leafs. Y a-t-il vraiment une solution miracle ? Non. On doit passer par le repêchage.

GAGNER À TOUT PRIX

On dit que dans le marché de Montréal le CH est condamné à gagner. C’est juste. Mais doit-on appliquer cette théorie dans le hockey d’aujourd’hui avec le plafond salarial ? Avec les nouveaux règlements ? Avec la parité ? Et, également, avec de plus en plus de directeurs généraux plus actifs, plus structurés ? À cela s’ajoute une nouvelle philosophi­e de gestion avec un président du secteur hockey, une formule que ne semble pas plaire à Geoff Molson.

Oui, le Canadien est condamné à gagner. Mais les chances de maintenir les standards d’excellence se sont amenuisées avec les nouveaux règlements.

Et c’est encore plus compliqué quand on se retrouve dans un cul-de-sac parce que, justement, on a manqué de vision.

HANTÉ PAR LES ERREURS

Bergevin a commis des erreurs. Des erreurs qui le hantent aujourd’hui. Il a beau claironner que Carey Price est le meilleur gardien de la LNH, devait-il lui accorder un contrat aussi imposant ?

A-t-il misé sur la patience dans certains dossiers, notamment dans celui de P.K. Subban ? Que fera-t-on avec Max Pacioretty ? Pourquoi avoir accordé autant d’argent à Andrew Shaw ? A-t-on bien géré le dossier Andrei Markov ? Comment peut-on accorder un contrat de cinq ans à un défenseur qui, pendant les séries éliminatoi­res, jouait de façon sporadique, quand il évoluait avec les Capitals de Washington ?

Comment laisser le départemen­t des recruteurs commettre gaffe après gaffe au niveau du recrutemen­t ? Le repêchage n’est pas une science précise, mais peut-on se tromper aussi souvent ?

On dit souvent qu’on ne doit jamais regarder derrière, de toute façon, on ne peut pas changer le passé. Pour Bergevin, c’est maintenant vers le développem­ent et une gestion bien appliquée qu’il doit se tourner.

Joël Bouchard, à n’en pas douter, va apporter une nouvelle philosophi­e au programme de développem­ent des jeunes joueurs de l’organisati­on. Dominique Ducharme va lui aussi ajouter de nouvelles méthodes d’enseigneme­nt.

Mais, encore faut-il que celui qui chapeaute l’organisati­on soit vigilant. Les plus rusés parviennen­t toujours à trouver des solutions pratiques, des solutions qui auront un impact majeur au sein de l’organisati­on.

Bergevin sait très bien qu’il ne peut pas rater son coup. Il a épuisé toutes les options. Au moins, il sera entouré par une garde rapprochée qui connaît bien le marché de Montréal. Une garde qui a connu du succès sur le plan du développem­ent des jeunes joueurs.

Il pourra miser sur des personnes plus qualifiées, c’est aussi simple que ça.

Entre-temps, la patience sera de mise… Autant pour l’état-major que pour les partisans.

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