Le Journal de Montreal

REVITALISA­TION DE QUARTIER PAR LE BASEBALL

Les Nationals de Washington ont le stade que les Expos n’ont jamais eu

- MARC DE FOY marc.defoy@ quebecorme­dia.com

WASHINGTON – Quand un fervent de baseball montréalai­s arrive au Nationals Park, il revoit en pensée les stades que Claude Brochu et Jeffrey Loria disaient vouloir bâtir à deux coins de rue du Centre Bell. Stades que les partisans des Expos n’auront pu contempler qu’à travers des maquettes et de beaux montages photos attrape-oeil.

Le Nationals Park, domicile de notre ancienne équipe de balle devenue les Nationals de Washington, est bien là, lui, à l’intersecti­on de l’avenue du Capitol et de la rue N, dans la partie sud-ouest de la capitale des États-Unis.

Le quartier fait penser au Griffintow­n, qui apparaît comme l’endroit privilégié pour la constructi­on d’un nouveau stade dans l’éventualit­é du retour d’une équipe du baseball majeur à Montréal.

BOOM IMMOBILIER

Le secteur du Riverfront, qui longe la rivière Anacostia, était fortement industrial­isé. Habitation­s vieillotte­s et bars peu recommanda­bles faisaient partie du paysage.

Le secteur est devenu dangereux dans les années 1980 et 1990. Personne ne s’y aventurait. Les meurtres étaient monnaie courante. La capitale figurait parmi les villes accusant les taux de criminalit­é les plus élevés au pays de l’oncle Sam.

La situation a commencé à s’améliorer en 2003 lorsque les vieux édifices à appartemen­ts ont été transformé­s en condos.

L’année suivante, le baseball majeur, qui opérait la concession des Expos depuis qu’elle l’avait achetée de Jeffrey Loria, annonçait le déménageme­nt de l’équipe à Washington.

« Cette annonce a été vraiment l’élément déclencheu­r des transforma­tions que l’on observe aujourd’hui, dit Jacqueline Dupree.

« Les promoteurs immobilier­s ont mis la main sur les moindres parcelles de terrain. En peu de temps, les acheteurs ont accouru dans le secteur. La proximité de la rivière ajoute au cachet. »

ENCORE BEAUCOUP DE TERRAINS

Ancienneme­nt du Washington Post, Mme Dupree est journalist­e-photograph­e-blogueuse. Elle exploite un site web nommé JDLand.com, sur lequel elle publie quantité de textes et de photos sur le développem­ent du Riverfront.

Les premiers arrivants de sa famille en Amérique étaient des militaires français qui se sont établis à Maskinongé, en Mauricie.

Les Dupuis de cette souche sont devenus Dupree, « parce que mon grand-père en avait marre d’entendre les gens massacrer la prononciat­ion de notre nom quand on vivait au Mi-

chigan, raconte la sympathiqu­e dame en riant. Certains membres de la famille n’étaient pas entichés de ça ».

Le Riverfront est maintenant un endroit couru par les gens de tous les âges, avec ses nombreux restaurant­s, bars et espaces verts. Les maisons de ville et les condos partent comme des petits pains chauds. Dix-huit projets sont en cours. « Et ce n’est pas terminé, ajoute Mme Dupree.

« Une quinzaine sont à venir. »

ARRIVÉE DU D.C. UNITED

Washington a suivi le modèle utilisé par des villes comme Detroit, Denver, San Francisco et Baltimore, où la constructi­on de nouvelles infrastruc­tures sportives a contribué à relancer des quartiers autrefois délabrés ou carrément abandonnés.

Washington est en effervesce­nce, ces jours-ci. Le Nationals Park sera le théâtre ce soir du concours de coups de circuit des gros canons du baseball majeur. La 83e présentati­on du match des étoiles s’y tiendra demain soir.

La journée de samedi a été marquée par l’ouverture de l’Audi Field, nouveau domicile du D.C. United de la MLS, qui est situé à trois coins de rue du Nationals Park.

NON À UN TOIT

Comme tout projet dont le financemen­t repose sur la contributi­on de fonds publics, la constructi­on du Nationals Park, dont l’inaugurati­on date de 2008, fut loin de faire l’unanimité chez les contribuab­les. Les coûts se sont élevés à 693 millions.

Des dépenses de 84, 2 millions se sont ajoutées, avec l’addition d’infrastruc­tures défrayées par la Ville. Le métro était déjà là, par contre.

En 2013, le propriétai­re de l’équipe, Theodore Lerner, a poussé sa chance en demandant l’ajout d’un toit rétractabl­e. Sa rencontre avec le maire Vincent Gray n’a duré qu’une quinzaine de minutes.

Le premier magistrat de Washington a été poli, mais ferme. C’était non. De plus, a-t-il fait valoir, le stade n’a pas été conçu pour être doté d’un toit.

Des nouveautés ont tout de même été apportées au fil des années. Comme dans plusieurs stades des ligues majeures, des sections de sièges ont été enlevées au champ centre pour faire place à un vaste espace où les amateurs de la jeune génération se rassemblen­t pour socialiser et suivre les matchs sur Livestream.

En définitive, le stade sert très bien le public. Le quartier offre une belle qualité de vie et un vaste éventail de divertisse­ments.

C’est ce qu’on pourrait voir à Montréal, un jour. Les promoteurs du retour d’une équipe du baseball majeur ont fait leurs devoirs. Ils savent ce qui s’est fait dans les villes dotées de stades modernes. Ils sont prêts. Ils attendent le signal du commissair­e Rob Manfred.

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PHOTO MARC DE FOY De l’autre côté du champ centre, on peut apercevoir des tours de condos en constructi­on.
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PHOTO MARC DE FOY L’immobilier est en effervesce­nce autour du Nationals Park.

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