Le Journal de Montreal

UN AUTRE MONSIEUR 3 % À TERREBONNE

L’ex-DG de la Ville était surnommé de la même façon que le fameux collecteur de Montréal, Bernard Trépanier

- JEAN-LOUIS FORTIN Accusés d’abus de confiance et de corruption à Terrebonne, Luc Papillon, JeanMarc Robitaille, Daniel Bélec et Normand Trudel sont attendus en cour le 6 septembre pour la suite des procédures.

Après Montréal, c’est au tour de Terrebonne d’avoir trouvé son « Monsieur 3 % ». Luc Papillon, l’ex-directeur général de cette ville de la Rive-Nord qui est aujourd’hui accusé de corruption, portait aussi ce surnom, a découvert la police.

L’original « Monsieur 3 % », c’est bien sûr Bernard Trépanier, le sulfureux collecteur de fonds du parti Union Montréal devenu célèbre à la commission Charbonnea­u en 2012. Des témoins avaient expliqué que ce sobriquet faisait référence à la ristourne qu’il aurait exigée pour financer illégaleme­nt les élections du parti de l’ex-maire Gérald Tremblay.

Mais voilà que l’Unité permanente anticorrup­tion (UPAC) a trouvé un autre ténor du monde municipal qui se faisait appeler ainsi, cette fois dans l’enquête qu’elle a menée à Terrebonne.

Ils ont fait cette découverte en confessant l’entreprene­ur Jean-Guy Ouellette, qui a admis avoir donné un pot-de-vin pour faire « débloquer » un projet immobilier.

« Il [Ouellette] mentionne que depuis les nouvelles élections, Luc Papillon a été placé à la Ville à titre de directeur général, et que tout le monde l’appelle Monsieur 3 % », ont noté les enquêteurs de l’UPAC après un de leurs entretiens avec lui, en 2014.

Ces informatio­ns étaient jusqu’ici frappées d’une ordonnance de non-publicatio­n, qui a été levée cette semaine à la suite de démarches entreprise­s par notre Bureau d’enquête.

RISTOURNE

Luc Papillon a finalement été arrêté le 15 mars dernier en même temps que quatre autres personnes, dont l’ex-maire de Terrebonne Jean-Marc Robitaille. Il a occupé le poste de directeur général de 2013 à 2017, après avoir été DG adjoint pendant plus d’une décennie.

L’homme de 54 ans a été congédié après des perquisiti­ons de l’UPAC à son domicile, ce qui ne l’a pas empêché de toucher une indemnité de départ de 350 000 $.

À titre de plus haut fonctionna­ire de Terrebonne, Luc Papillon était en autorité pour les questions de zonage et de contrats publics.

Or, selon la thèse de l’UPAC, plusieurs de ces contrats auraient été conclus en retour d’une ristourne de 3 à 5 % en argent comptant remise par des entreprene­urs à Daniel Bélec, l’ex-chef de cabinet du maire Robitaille.

L’UPAC croit aussi que Luc Papillon a voyagé plusieurs fois sur le bras d’entreprene­urs. Elle a aussi identifié des transactio­ns suspectes l’impliquant, selon des affidavits que nous avons consultés. (Voir encadré)

FIN DES PROCÉDURES

En 2011, une enquête de l’Agence QMI révélait que M. Papillon et son patron, Denis Lévesque, s’étaient fait rembourser plus de 16 000 $ de vêtements sur leurs comptes de dépenses entre 2008 et 2010.

Les deux hommes recevaient une prime inusitée de 2 % de leur salaire pour se vêtir aux frais de la Ville.

Les contribuab­les avaient ainsi payé pour des pantalons, des cravates et des complets, mais aussi pour des sous-vêtements, comme des slips et des caleçons boxer.

Le « Monsieur 3 % » de Montréal, Bernard Trépanier, a quant à lui nié catégoriqu­ement les allégation­s à son endroit devant la commission Charbonnea­u.

Il a été arrêté deux fois par l’UPAC, l’une par rapport à son implicatio­n alléguée dans le scandale du Faubourg Contrecoeu­r, l’autre pour le rôle qu’il aurait joué dans le partage illégal de 160 M$ de contrats publics à la Ville de Montréal.

Mais le 6 juin dernier, le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) a annoncé la fin des procédures contre Trépanier, en raison des cancers incurables dont souffre ce dernier.

Son avocat, Daniel Rock, avait expliqué au Journal que son client subit « des traitement­s en immunothér­apie ainsi que des soins palliatifs ».

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