Le Journal de Montreal

Les saisies de stupéfiant­s explosent à Montréal

- ERIC THIBAULT

Les saisies de drogues dures ou chimiques comme la cocaïne, l’héroïne et la méthamphét­amine sont en forte hausse à Montréal.

C’est ce que révèlent des données du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) que Le Journal a obtenues. Ces statistiqu­es compilées sur quatre années illustrent les retours en force de la cocaïne et de l’héroïne sur le marché des stupéfiant­s.

« La lutte aux drogues dures, qui sont en recrudesce­nce, est l’une de nos grandes priorités », a insisté l’inspecteur Ian Lafrenière.

18 MILLIONS $ EN « COKE »

L’an dernier, les policiers de Montréal ont confisqué 140 kilos de cocaïne aux mains d’organisati­ons criminelle­s comme les Hells Angels, les gangs de rue, la mafia italienne, et la pègre libanaise. C’est presque trois fois plus qu’en 2014.

La « coke » saisie en 2017 – qui aurait enrichi les trafiquant­s de 18 millions $, une fois la poudre blanche « coupée » puis écoulée sur le marché de la rue et des bars – est de loin la plus importante quantité des quatre dernières années à Montréal.

« On la croit moins dangereuse, alors que c’est tout le contraire », a commenté l’auteur spécialisé dans le crime organisé, Pierre de Champlain, au sujet de cette drogue vendue au même prix qu’il y a 25 ans, soit 20 $ le quart de gramme.

L’EFFET HELLS

Le même constat s’applique avec la méthamphét­amine, une drogue de synthèse populaire qu’on appelle aussi « speed » ou « pinotte ».

La saisie de 266 000 comprimés chimiques bon marché – une dose vendue 5 $ ne coûte que cinq sous à produire en laboratoir­e clandestin – en 2017 est deux fois plus élevée qu’au cours des années 2015 et 2016 combinées.

La pression policière sur les Hells, qui abreuvent un marché de stupéfiant­s qu’ils contrôlent partout au Québec depuis deux ans, pourrait expliquer en partie ces hausses, d’après M. de Champlain, un ancien analyste du renseignem­ent à la GRC.

La cocaïne et la méthamphét­amine sont maintenant les « vaches à lait » des Hells, selon plusieurs sources policières. L’opération Printemps 2001 a permis d’établir que les Hells ont déjà écoulé 11,5 kg de « coke » par jour à Montréal, pour des profits quotidiens de 50 000 $.

HÉROÏNE ET FENTANYL

Les Hells ne touchent pas à l’héroïne, mais ce dérivé de l’opium, importé et vendu ici par des groupes criminels surtout originaire­s de l’Europe et de l’Asie, est aussi en vogue.

En 2017, le SPVM en a saisi presque autant que les trois années précédente­s combinées. Les trafiquant­s y incorporen­t du fentanyl – un opiacé 100 fois plus puissant que la morphine, dont plus de 1000 grammes ont été saisis en 2017 comparativ­ement à 125 g en 2016 – pour la « couper » et décupler leurs profits. Ce dangereux cocktail a causé six surdoses mortelles à Montréal l’an dernier.

La valeur de l’ensemble des stupéfiant­s saisis par le SPVM en 2017, incluant les plants de marijuana, totalise plus de 40 millions $.

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