Le Journal de Montreal

Je pars mon groupe de pression !

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Il y a une question qui me turlupine depuis quelque temps : comment fonctionne­nt les groupes de pression ?

Prenez la Ligue des Noirs du Québec, par exemple. Comment ça marche ? Dès qu’il y a un bébé noir qui vient au monde sur le territoire québécois, une infirmière inscrit son nom, le numéro de téléphone de ses parents et son lieu de résidence dans un registre spécial, qui est envoyé aux dirigeants de la Ligue ?

Pas très cachère, me semble…

UN SACRÉ BON RACKET

Comment fonctionne­nt les groupes de pression ?

Et ce dirigeant, il est élu par qui ?

Tous les Noirs du Québec ?

Et quand la Ligue décide de prendre position sur tel ou tel sujet, ils consultent tous les Noirs de la province ?

Même chose pour la Fédération des Femmes.

Ma mère est une femme, ma soeur est une femme, ma femme est une femme et mes deux filles sont des femmes, et je peux vous dire qu’elles ne pensent pas du tout pareil.

Je pourrais compter sur les doigts d’une seule main les sujets sur lesquels elles pourraient s’entendre.

Vous pensez que Josée Legault et Lise Ravary partagent la même conception du féminisme, vous ?

Mettez-les dans une salle de réunion, lancez le mot « quota » avant de barrer la porte à double tour et regardez-les aller. Ça va revoler. Comment un organisme peut-il avoir la prétention de parler au nom de TOUTES les femmes du Québec ?

Soyons francs, ces associatio­ns formées sur la base du sexe ou de l’ethnie constituen­t l’un des plus grands rackets de notre époque.

L’Alliance des profession­nels cambodgien­s du Québec, l’Associatio­n des avocats et notaires noirs du Québec, le Club des profession­nels rwandais du Canada, la Jeune chambre de commerce camerounai­se du Canada, la Société sénégalais­e des scientifiq­ues du Canada…

On est pour le vivre-ensemble, oui ou non ?

DE LA MAIN GAUCHE

Tiens, je vais partir une associatio­n, moi.

L’Associatio­n des chroniqueu­rs de race blanche natifs de Verdun.

Ou la Fédération des gauchers. (Je suis droitier, mais ça ne fait rien, je suis un très grand sympathisa­nt de la cause des gauchers, alors…)

Je vais parler au nom de tous les gens qui écrivent de la main gauche.

Chaque fois que le gouverneme­nt va présenter un projet de loi, je vais effectuer une étude approfondi­e pour savoir quels seraient les impacts potentiels de ce projet sur les gauchers de la province.

Je vais demander un statut d’OBNL, je vais téter des subvention­s, je vais ouvrir un bureau dans mon sous-sol et je vais avoir une adresse électroniq­ue.

Ce qui est bien, avec ce racket, c’est qu’une fois que ton associatio­n est fondée, t’es en business pour un bon bout de temps.

Le gouverneme­nt coupe dans ton budget ? Tu grimpes dans les rideaux et tu l’accuses de tous les maux possibles.

Il est noirophobe, homophobe, femmophobe, gauchophob­e !

Je vais organiser des sit-in devant le Musée des Beaux-Arts pour exiger une plus grande représenta­tivité d’artistes gauchers.

Me fiant aux récentes décisions de sa directrice, Nathalie Bondil, qui ouvre toutes grandes les portes de son institutio­n à la rectitude politique, je suis sûr que j’aurai gain de cause.

Tenez-vous bien, j’arrive !

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Dan Phillip, président de la Ligue des Noirs
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