Trump : chantage et trahison ?
La réalité aurait-elle rattrapé la fiction ?
Mon gros problème avec les amateurs de conspirations, c’est qu’il est impossible de leur faire admettre qu’ils ont tort.
Ils diront que si vous ne voyez pas, c’est parce que vous cherchez mal ou que les conspirateurs sont trop futés pour vous.
Comment prouver l’inexistence d’une chose cachée ?
MOSCOU 1987
Comme on ne peut pas prouver l’inexistence d’une conspiration, il faut en parler en termes de degrés de probabilité.
La CIA a-t-elle jadis conspiré pour établir des dictatures militaires en Amérique latine ? Absolument, on a des preuves à 100 %.
Oswald a-t-il agi seul ou non ? On peut trouver chacune des deux thèses plus ou moins convaincantes.
The Manchurian Candidate, un roman de Richard Condon (1959) adapté deux fois au cinéma avec des variantes, raconte l’histoire d’un ex-soldat américain « brainwashé » par les Soviétiques et transformé en agent secret à leur service.
Dans la deuxième adaptation cinématographique, il se lance dans une brillante carrière politique à Washington.
Le comportement ahurissant de Trump face à Poutine amène bien des observateurs à évoquer ces oeuvres.
Des accusations ont été formellement déposées contre 12 espions russes pour leur implication dans l’élection présidentielle.
Le procureur Robert Mueller ne serait pas allé de l’avant s’il n’avait pas des preuves en béton armé.
Mais non, Trump désavoue publiquement ses propres services de renseignements et reprend à son compte les dénégations de Poutine, un ex-agent du KGB !
Comment expliquer que cet hurluberlu fasse passer les intérêts russes avant ceux de son propre pays ?
Forcément, beaucoup soulèvent la question « mandchoue » : les Russes posséderaient-ils des informations compromettantes – politiques, financières, sexuelles – sur Trump pour le faire chanter ?
Lâché par son propre camp, Trump patine depuis avant-hier pour réparer les dégâts. On l’aurait mal compris.
Mon collègue Pierre Martin évoquait récemment l’hypothèse d’une conspiration développée par Jonathan Chait dans le New York Magazine.
En juillet 1987, Trump loge dans la suite Lénine du National Hotel à Moscou.
Nous sommes à l’époque soviétique, où l’enregistrement à leur insu des dignitaires étrangers de passage était routinier.
Se serait-il passé quelque chose qui permet, depuis, aux Russes de le faire chanter ? Allez lire Chait et tirez vos propres conclusions.
PANTIN
L’article III de la Constitution des États-Unis définit la trahison comme le fait, pour un citoyen américain, non seulement de faire la guerre à son propre pays, mais de fournir aux ennemis « Aid and Comfort ».
John Brennan, ex-directeur de la CIA, qualifie le comportement de Trump de « nothing short of treasonous », disant qu’il est complètement dans la poche de Poutine.
La réalité aurait-elle rattrapé la fiction ?
Ce n’est pas parce qu’on rit que c’est drôle.