Le Journal de Montreal

Sur la mythique 117

Une épreuve à la hauteur de son statut internatio­nal

- ALAIN BERGERON

VAL-D’OR | L’Alpe d’Huez a trouvé son équivalent hier au Tour de l’Abitibi. L’ascension mythique du Tour de France s’est traduite ici en un calvaire de plus de trois heures sur du plat, à une vitesse folle de 45 km/h dans le vent et avec la forêt comme plus fidèle spectatric­e.

C’est avec une journée de tortionnai­re comme celle d’hier que cette course par étapes bonifie sa réputation de plus importante au monde dans la catégorie junior. Pour la première fois depuis 1979, le Tour s’est approché de la limite de 140 km imposée par l’Union cycliste internatio­nale (UCI) pour une course d’un jour pour des athlètes de 17 et 18 ans.

À défaut de cols interminab­les et de scènes de cartes postales, c’est autre chose que l’élite mondiale vient chercher ici. C’est davantage pour le niveau relevé de la course que pour ses parcours qu’elle demeure la seule destinatio­n hors d’Europe et d’Asie parmi les neuf de la Coupe des nations de l’UCI.

« Ça nous marque, le Tour de l’Abitibi. C’est énorme pour nous », admettait avant le départ Bastien Bodnar de la sélection régionale française de Dijon, sixième à chacune des deux premières étapes.

COURSE SYMBOLIQUE

Les équipes nationales de six pays (Canada, États-Unis, France, Japon, Nouvelle-Zélande et Thaïlande) et 18 formations provincial­es et régionales nord-américaine­s participen­t à cette 50e édition. Si le contenu du Tour a enrichi son histoire avec de grands noms et des victoires variées, il n’y a de mythique dans son contenant que la route 117 coupant le Québec en deux et qui traverse cette région.

« Je n’ai pas besoin de les motiver », affirme la directrice des Espoirs Élite Primeau Vélo de Laval, Virginie Gauthier, au sujet de l’attrait qu’exerce le Tour sur ses six coureurs.

« C’est rare pour eux d’être confrontés à d’autres athlètes d’un niveau internatio­nal. C’est un événement symbolique durant leur été », dit-elle.

DU PRESTIGE

L’un d’eux, Nicolas Rivard, n’aurait pas voulu rater le coup. Au repos complet durant six semaines en raison d’une mononucléo­se, il a dû faire l’impasse sur le Grand Prix de Charlevoix et les championna­ts canadiens au Saguenay au début de l’été. Mais l’Abitibi, il n’ose pas imaginer s’il avait dû aussi s’en passer.

« Pour moi, le Tour de l’Abitibi est plus important que les championna­ts canadiens. C’est plus prestigieu­x », prétend le junior de première année, auteur d’une surprenant­e septième place mardi et de la 14e hier.

Hier, la caravane est passée dire bonjour à Senneterre et Barraute, notamment, avant de rentrer à Val-d’Or pour la finale. On verra Malartic et Rivière-Héva demain. Elle partira d’Amos, l’un des principaux poumons dans la survie de cet événement, pour l’épreuve sur route de 100 km de demain.

En se déployant sur la presque totalité d’un aussi vaste terrain de jeu, cette course qui a un demi-siècle entretient sa réputation de ne rien donner de gratuit. L’Américain Riley Sheehan, huitième au classement général après deux jours, connaît déjà le prix à payer s’il veut devenir seulement le quatrième participan­t dans l’histoire à signer un deuxième championna­t en deux ans.

« C’est la première fois qu’on fait sept étapes. Je ne sais pas dans quel état on va finir la semaine ! », se demandait à voix haute Bastien Bodnar.

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PHOTO ALAIN BERGERON Le peloton du Tour de l’Abitibi s’est fondu dans le décor propre à cette course internatio­nale, hier : une longue route avec la forêt comme témoin.

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