Le Journal de Montreal

DES INJECTIONS À 16 000 $ PARMOIS

Julie Beauregard et François D’Astous se démènent pour obtenir un médicament qui pourrait sauver leur petite Ellie. La RAMQ et leur assureur ne veulent pas les rembourser.

- HUGO DUCHAINE

Ni la RAMQ ni l’assureur d’un couple des Laurentide­s ne veulent rembourser un médicament coûtant 16 000 $ par mois, mais qui pourrait sauver la vie de leur fille.

« On ne sait plus vers où se tourner, on ne sait plus quoi faire […] Sa durée de vie est limitée si elle n’est pas traitée et si un médicament peut aider [ma fille], je veux qu’on l’essaie », plaide Julie Beauregard, les yeux pleins d’espoir.

Mais la mère de la petite Ellie, atteinte d’une maladie rare, la fièvre méditerran­éenne familiale, se dit prise au dépourvu.

« On se sent seuls et c’est dur quand tu ne connais pas ça », ajoute son conjoint François D’Astous, que rien n’avait préparé à affronter la bureaucrat­ie des réclamatio­ns de médicament­s.

Leur fille de 2 ans et demi a une forme sévère de cette maladie méconnue, qui cause l’inflammati­on des organes internes. Tous les mois, elle fait d’intenses crises de fièvre, pouvant atteindre les 41 °C et durer plus de cinq jours.

« La seule chose qu’elle fait, c’est vomir », souffle sa mère.

Elle prend déjà la dose maximale d’anti-inflammato­ires, sans résultat.

Les médecins du CHU Sainte-Justine ont ainsi prescrit des injections de canakinuma­b, un médicament commercial­isé par Novartis appelé Ilaris. Elles coûteraien­t 16 000 $ chaque mois, soit près de 200 000 $ par année pour le restant de sa vie.

SOMME COLOSSALE

Une somme faramineus­e pour le couple de Saint-Colomban, dont le conjoint est gestionnai­re chez Bombardier et la conjointe éducatrice à temps partiel.

Le régime d’assurances collective­s de la famille, de L’Industriel­le Alliance, a rejeté la demande. Dans sa lettre, lue par Le Journal, la compagnie dit « qu’il y a un manque de preuve concernant l’efficacité de ce médicament ».

Cette réponse fait rager Julie Beauregard, car dans leur demande, les médecins sont clairs. Sans les injections, leur fille risque de mourir. « Je ne comprends pas qu’un médecin écrive ça et qu’on [nous] refuse [le médicament] », lance-t-elle.

DEMANDES REJETÉES

La famille s’est tournée vers la RAMQ et son programme de médicament­s d’exception. Mais leur demande a été rejetée d’emblée, car la famille est déjà assurée.

Pour en faire partie, l’Institut national d’excellence en santé et services sociaux (INESSS) doit l’étudier et le recommande­r, ce qui n’a pas été fait, confirme l’INESSS.

La porte-parole de la pharmaceut­ique Novartis, Julie Schneiderm­an, dit que la demande n’a pas été faite, car le médicament a déjà été remboursé à des Québécois, autant par la RAMQ que par des assureurs privés.

L’Industriel­le Alliance n’était pas en mesure de répondre au Journal hier. La RAMQ n’a pas confirmé les dires de Novartis.

Comme dernier espoir, la famille espère maintenant obtenir l’aide de la pharmaceut­ique.

« ON NE SAIT PLUS VERS OÙ SE TOURNER, ON NE SAIT PLUS QUOI FAIRE […] SA DURÉE DE VIE EST LIMITÉE SI ELLE N’EST PAS TRAITÉE ET SI UN MÉDICAMENT PEUT AIDER [MA FILLE], JE VEUX QU’ON L’ESSAIE. » – Julie Beauregard

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PHOTO MARTIN ALARIE François D'Astous et Julie Beauregard ont multiplié les démarches pour avoir un médicament qui mettrait fin aux intenses crises de fièvre de leur fille Ellie, âgée de deux ans et demi, sans lequel ses organes risquent de cesser de fonctionne­r plus tôt.

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