Le Journal de Montreal

Tous les prétextes sont bons

- JOSÉE LEGAULT josee.legault@quebecorme­dia.com

Une chose est sûre. Si, au fil de ma carrière, on m’avait donné 10 $ pour chaque article que j’ai dû me taper dans les médias anglophone­s sur la présumée xénophobie atavique des Québécois, je serais déjà millionnai­re.

Depuis la montée du nationalis­me québécois moderne, il en pleut. Ici, au Canada anglais et à l’étranger. Même le ministre géniteur de la loi 101, le brillant Dr Camille Laurin, s’y faisait comparer à Joseph Goebbels, l’infâme ministre de la Propagande nazie sous Hitler.

Tout au long de la saga de l’accord du lac Meech, ce fut aussi un méga festival de Québécois bashing. Si le Québec était reconnu comme une « société distincte », lisait-on, il opprimerai­t ses minorités encore plus (sic).

Puis vint Mordecai Richler. Ses diatribes francophob­es dégoulinai­ent jusque dans les pages du New Yorker. Et que dire de l’inoubliabl­e Jan Wong, chroniqueu­se populaire du très torontois Globe and Mail ? Après la tuerie au cégep Dawson, elle traçait un lien délirant entre un présumé « sentiment d’aliénation des non-francophon­es » et les fusillades de Polytechni­que, Concordia et Dawson.

YOU NAME IT

« Racistes », « xénophobes », « corrompus » – you name it. Comme des automates, dans plusieurs médias de langue anglaise, il s’en trouve depuis des années pour ânonner ces inepties. La raison ? Il y en a plusieurs. Inculture, préjugés, sentiment de supériorit­é morale et parfois même, eh oui, de la belle grosse francophob­ie qu’on n’ose jamais nommer.

Bref, tous les prétextes sont bons pour désinforme­r. C’est lourd. C’est long. Ça gosse les neurones jusqu’au trognon. Mais bon, tel est l’état des lieux encore aujourd’hui. Prenez le dernier exemple en date.

Le journalist­e Martin Patriquin récidive. Sévissant déjà sur plusieurs plateforme­s, son dernier jet de vinaigre a giclé dans le prestigieu­x quotidien britanniqu­e The Guardian. Son titre : « How did Quebec’s nationalis­t movement become so white? » Ai-je besoin de traduire ?

BAVER DE RAGE ?

Sur le site de la CBC et au réseau CTV, Patriquin saute aussi sur la controvers­e entourant la pièce SLAV. Le milieu culturel québécois, lance-til, est d’une hypocrisie absolue en se portant à la défense de SLAV. Quant aux « commentate­urs francophon­es », ajoute-t-il, ils en ont bavé de rage. Rien de moins.

Patriquin est aussi connu pour son « fameux » article du Maclean’s. En 2010, il couronnait le Québec du titre injurieux de « province la plus corrompue du Canada ». Il était pourtant question d’un gouverneme­nt — celui de Jean Charest, un bon fédéralist­e de droite.

Cela dit, tout comme Richler dans son temps, Patriquin n’est pas LE problème. Il n’est qu’une des nombreuses plumes mercenaire­s qui, depuis longtemps, se servent des tribunes anglophone­s les plus prestigieu­ses pour faire passer les Québécois pour des xénophobes et/ou des corrompus.

Le vrai problème est ailleurs. Ce sont ces mêmes médias qui, au contraire d’autres publicatio­ns anglophone­s plus raisonnées, en redemanden­t toujours. Il faut croire que ça conforte leur propre vision déconnecté­e de la réalité québécoise.

** Sur ce, je prends une petite pause. Au plaisir de vous retrouver à la fin du mois.

C’est lourd. C’est long. Ça gosse les neurones jusqu’au trognon.

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Martin Patriquin
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