Le Journal de Montreal

Censurer les femmes sexy?!

La Coupe du monde de football vient à peine de se terminer que déjà la prochaine commence à faire des vagues.

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ Blogueur au Journal Sociologue, auteur et chroniqueu­r mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

Mais pour l’instant, c’est moins le sport qui suscite la controvers­e que les amateurs de sport. Ou plus exactement, les amatrices.

DÉSIR

On apprenait récemment que la FIFA invitait les diffuseurs à ne plus faire de gros plans sur les filles sexy dans les stades dans la transmissi­on des matchs. Plus exactement, c’est le responsabl­e de la « diversité » à la FIFA qui l’exige. Ah ! La diversité ! Que de sottises faisons-nous en son nom !

Des commentate­urs suggèrent que cet appel n’est pas sans lien avec la tenue de la prochaine Coupe du monde au Qatar, en 2022. On se plierait à l’avance à la pudeur islamique qui accompagne les pétrodolla­rs.

Mais même sans cette hypothèse, cet appel à la censure des jolies femmes dans la diffusion des matchs n’a rien de surprenant, dans une époque où le puritanism­e revient en force, au nom d’un féminisme mal compris.

Officielle­ment, il s’agit de lutter contre le sexisme. Mais comme bien des mots en « isme », celui-ci est tellement utilisé à toutes les sauces qu’on ne sait plus exactement à quoi il réfère. Fondamenta­lement, ce qu’on veut bannir, et même éradiquer, c’est l’expression publique du désir entre les hommes et les femmes, comme s’il était sale et abject, comme s’il devait être caché.

C’est le rêve d’une société aseptisée qui voile les corps et étouffe l’élan naturel des sexes entre eux. C’est une morale de peine-à-jouir, de vieux garçon coincé et de vieille fille prude.

L’expression du désir doit être civilisée, naturellem­ent, mais ne doit pas être censurée. On est même en droit de penser que la jeune femme qui ne doute pas de ses charmes est heureuse d’être filmée et ainsi, pour un instant, vénérée.

Certaines diront que supposer cela, c’est flirter avec le sexisme. La représenta­nte d’Osez le féminisme !, un groupe français, l’a dit comme tel, selon LCI : « Nos corps, nos images, nous ne vous appartenon­s pas. Et nous pouvons nous habiller/promener comme nous le souhaitons, dans les rues, comme dans les stades, sans que cela vous autorise à commenter/partager/agresser ».

Encore une fois, c’est le désir masculin qui est condamné en lui-même, comme s’il lui suffisait de se manifester pour annoncer une forme ou une autre d’agression. Apparemmen­t, désirer, c’est déjà agresser.

FÉMINISME

Ces néo-féministes, minoritair­es parmi les féministes et parmi les femmes en général, on peut en être à peu près certains, parviennen­t quand même, avec un zèle proche du fanatisme, à placer les rapports entre les sexes dans un climat de paranoïa généralisé.

Heureuseme­nt, de nombreuses femmes politiques françaises ont dénoncé cet appel à la censure des belles femmes. Je serais curieux d’entendre sur la question des femmes politiques québécoise­s.

Les efforts que font les deux sexes pour se séduire n’ont rien de honteux. Ils civilisent le genre humain. Ils sont le sel de l’existence. On trouverait glacial un monde où régneraien­t les policiers de la vertu.

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