Le Journal de Montreal

Les affres de la dépendance amoureuse

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

En lisant la lettre de « Naïve », j’ai fait un retour sur un passé qui fut pénible longtemps, mais qui a fini par s’apaiser. Je n’ai pas de conseils à donner à personne, mais je vais raconter mon parcours dans l’espoir qu’elle en tire son propre profit.

Je fus comme elle trompée par mon mari. Bizarre pensaient certains, pour une femme en apparence délurée comme moi, ou du moins on pensait que je l’étais. J’avais aussi deux enfants et je n’imaginais pas de me retrouver toute seule, car je n’avais même pas accepté quand mon mari m’avait proposé de partir.

On a fait une thérapie de couple en espérant que l’exercice nous emmène vers un mieux-être et une poursuite de vie commune sans nuages. Mais je me trompais royalement. Chaque jour, je me levais avec la peur au ventre qu’il allait aller vers une autre femme que moi.

Ni ses promesses ni son amour évident pour moi n’ont réussi à me convaincre de sa bonne foi. Plus le temps passait, plus je devenais irascible et intolérant­e envers lui. Je le soupçonnai­s du pire, même s’il me jurait qu’il ne me trompait pas. Je ne le croyais juste pas !

Je vivais l’enfer et je le faisais vivre à toute ma famille. C’est quand ma plus vieille m’a dit qu’elle n’avait jamais envie de revenir à la maison le soir ou d’être avec ses parents en fin de semaine à cause de mon attitude qui rendait l’atmosphère irrespirab­le, que j’ai accepté de me questionne­r sur ce que j’attendais de ma vie avec cet homme.

Je suis allée en thérapie où j’ai découvert que la profession­nelle que j’étais était dans le fond une dépendante affective qui s’ignorait. Je restais dans mon couple pour ne pas être seule. Je n’aimais plus cet homme depuis longtemps, alors que lui m’aimait encore, mais je n’étais pas capable de partir, de peur de me retrouver seule.

Ce fut long de défaire les noeuds qui me retenaient à lui, mais j’y suis parvenue. Pour le plus grand bien de mes enfants d’ailleurs, puisqu’ils ont découvert finalement que je pouvais changer en mieux. Et chose incroyable, j’ai fini par pardonner à mon ex. Il s’est remarié alors que moi je chemine seule depuis ce temps. Et tous les deux nous sommes heureux. Jolène

Beau témoignage que le vôtre empreint d’une humilité qui vous honore. Car il faut de l’humilité pour reconnaîtr­e ses travers, mais encore plus pour prendre les moyens de les corriger pour entrer dans une nouvelle vie. Certaines lectrices me bassinent, quasi quotidienn­ement, pour que je révise ma pensée selon laquelle « Quand on veut on peut ». Mais votre histoire m’incite à m’accrocher encore plus fort à ce principe. La suite de ma vie

Je vous avais écrit en 2017 sur ma vie de femme mariée à un homme muet qui n’avait jamais rien à me dire. J’avais signé ma lettre « J’ai pris ma place ». Vous m’aviez répondu correcteme­nt, mais en laissant courir un doute sur le fait que j’avais vraiment pris ma place.

Ce matin en triant des papiers, je suis tombée sur des découpures du Courrier de Solange Harvey, celle qui vous a précédée dans cette tâche au Journal. En lisant ces histoires de couple, je me suis rendu compte que ça faisait longtemps, soit depuis 1982, que j’avais pris conscience de ma situation matrimonia­le. Pour vous dire l’importance que Solange et vous avez dans ma vie : je vous confirme que vous m’avez aidée à trouver le bonheur, malgré ce que je vis. J’ai pris ma place

J’ai lu les écrits de Solange avec bonheur. Merci de me les avoir refilés. Tout le monde ne parvient pas à la sérénité de la même façon, et c’est vrai que la vôtre vous appartient.

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