Thomas gagne au sprint à l’Alpe d’Huez
Le maillot jaune triomphe pour la deuxième fois en deux jours
L’ALPE D’HUEZ | (AFP) L’Alpe d’Huez au sprint ! Le Gallois Geraint Thomas, porteur du maillot jaune, a gagné hier la 12e étape du Tour, son deuxième succès en deux jours, au milieu d’un public largement hostile.
La célèbre ascension, dans un climat électrique a coûté cher à l’Italien Vincenzo Nibali, le vainqueur du Tour 2014. Dans la confusion, le Sicilien a chuté et a dû renoncer, en soirée, à compléter le Tour (voir autre texte)
Pour le succès d’étape, Thomas, vainqueur la veille à La Rosière, a disposé dans la dernière ligne droite du Néerlandais Tom Dumoulin et du Français Romain Bardet, les adversaires les plus coriaces de l’équipe Sky en cette chaude journée.
« Je ne suis pas content de moi. Thomas était meilleur mais, quand quelqu’un est meilleur, il faut essayer d’être plus malin que lui », a commenté Dumoulin, qui a terminé deuxième la veille.
Le quadruple vainqueur du Tour, le Britannique Chris Froome, a pris la quatrième place, à quelques secondes.
Au classement général, Froome, copieusement hué lors de l’ascension (voire texte en page 65) compte désormais 1 min 39 s de retard sur son coéquipier, à la sortie des Alpes.
LA HIÉRARCHIE RESTE INCHANGÉE
Mais Thomas a répété une nouvelle fois que la hiérarchie demeurait inchangée au sein de l’équipe Sky.
« Je l’ai dit hier (mercredi), Froome reste le leader. Sur trois semaines, il offre des garanties. Et moi, sur un jour, je peux tout perdre », a déclaré Thomas.
Dans la montée de l’Alpe d’Huez (13,8 km), le maillot jaune s’est d’ailleurs comporté en lieutenant pour Froome. Après un gros travail du néophyte mais très prometteur Egan Bernal (21 ans), la pépite du cyclisme colombien.
« Pour le moment, je veux juste apprécier cette victoire, elle est incroyable. Quand j’ai franchi la ligne d’arrivée, j’ai pensé qu’il y avait forcément encore quelqu’un devant. J’avais du mal à croire que j’étais le premier à passer la ligne », a dit Thomas.
Troisième de l’étape, le Français Romain Bardet se disait satisfait de sa performance.
« Je n’ai pas de regrets. J’ai joué mon va-tout de loin, j’ai tout tenté avant le sprint. J’ai voulu attaquer pour tester les adversaires. Mais il restait trois Sky et on sait l’importance de l’aspiration dans le cyclisme. Je ne pensais pas qu’on arriverait groupé pour la gagne. C’est une bonne étape quand même. Il reste encore beaucoup d’étapes de montagne. On va se serrer les coudes et donner le maximum. »
« PLUS RIEN DANS LE RÉSERVOIR »
À l’inverse, le porte-drapeau du cyclisme andin, Nairo Quintana, a été distancé dans les sept derniers kilomètres et a lâché une cinquantaine de secondes.
« J’étais à plein régime et j’ai même tenté d’accélérer le rythme avec une attaque. Mais je n’avais plus rien dans mon réservoir », a expliqué Quintana, deux fois deuxième du Tour (2013 et 2015).
Quant à l’autre leader colombien, Rigoberto Uran (2e du Tour 2017), il n’est pas reparti de Bourg-Saint-Maurice.
Thomas, 32 ans, est le premier Britannique vainqueur à l’Alpe d’Huez. Il est aussi le premier maillot jaune à s’imposer depuis Lance Armstrong en 2004, avant que l’Américain ne soit déchu de ses titres pour dopage.
Les démarrages successifs entre les prétendants au podium dans le final ont condamné la longue échappée du Néerlandais Steven Kruijswijk, parti de loin dès la Croix-de-Fer, la deuxième des trois grandes ascensions du jour.
Kruijswijk (4e du Giro 2016) s’est intégré dans une échappée-fleuve formée dès la Madeleine, le premier grand col. Il a distancé ses derniers compagnons à mi-pente de la Croix-de-Fer, à 68 kilomètres de l’arrivée.
Au sommet, le Néerlandais a basculé avec plus de six minutes d’avance sur le groupe des favoris mené le plus souvent par l’équipe de Froome et de Thomas, relayés partiellement par les hommes de Bardet et de Quintana. Il n’a été repris qu’à 3,5 kilomètres de la ligne.
Cette troisième étape alpestre, longue de 175,5 kilomètres, a provoqué une hécatombe dans les rangs des sprinteurs. Le Néerlandais Dylan Groenewegen et le Colombien Fernando Gavraria, tous deux vainqueurs de deux étapes depuis le départ, ont abandonné, tout comme l’Allemand André Greipel.
D’autres abandons ont également été enregistrés, notamment celui du Français Tony Gallopin qui laisse l’équipe de Bardet réduite à cinq coureurs.
RETOUR DANS LA PLAINE
Les sprinteurs retrouvent un terrain favorable, aujourd’hui, dans la 13e étape du Tour de France qui sort des Alpes pour rejoindre Valence, dans la vallée du Rhône.
La course, qui part de Bourg-d’Oisans, retrouve la plaine sur le parcours de 169,5 km comprenant deux petites côtes.
« Nous voulions redonner le sourire aux sprinteurs », explique le directeur de course Thierry Gouvenou, après trois journées dans les Alpes.