Le Journal de Montreal

Bye bye Facebook

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J’ai quitté Facebook il y a quelques semaines et je me félicite de cette décision.

Il est si difficile de quitter ce labyrinthe conçu pour qu’on ne puisse en sortir que j’ai eu besoin du coaching d’une connaissan­ce experte dans le domaine.

J’en avais assez de recevoir des photos de chatons et de lieux de vacances, des annonces d’anniversai­res, de la publicité ciblée, et de me faire rappeler toutes ces invitation­s en attente.

FAKE NEWS

Je regarde comment Facebook est habituelle­ment utilisé et j’y vois toutes les pathologie­s de notre époque.

J’y vois le besoin maladif d’être réconforté : dites-moi que vous m’aimez, boostez ma confiance s’il vous plaît.

J’y vois l’obsession de la compétitio­n : voyez comment ma fausse vie est meilleure que la vôtre.

J’y vois le triomphe du mensonge quand on connaît les vies réelles derrière les mises en scène.

J’y vois le déclin du respect et du civisme dans le fait de mettre des photos sans le consenteme­nt des gens qu’on y voit.

J’y vois la dépendance toxique : que s’est-il passé depuis la dernière fois que j’ai été voir, il y a 11 minutes ?

Facebook nous maintient dans une sorte d’enfance prolongée.

Tout enfant aime se déguiser. Il se fait aussi dire qu’il ne faut pas cacher de vilaines choses à papa et maman.

Or, Facebook est un univers de déguisemen­t puisqu’on s’y met en scène de façon avantageus­e.

C’est aussi un univers de transparen­ce puisque vous abdiquez des pans importants de votre intimité.

Au coeur de Facebook, il y a une colossale supercheri­e.

Zuckerberg dit qu’il entend désormais traquer sérieuseme­nt les fake

news sur Facebook. C’est Facebook au complet qui est une plateforme pour que les gens y présentent des portraits d’euxmêmes qui sont des fake news !

SUSCEPTIBL­ES

Une société dynamique a besoin que ses citoyens sachent débattre et acceptent des opinions différente­s des leurs.

Je note cependant que les humains deviennent de moins en moins capables de supporter les idées contraires aux leurs.

Se pourrait-il que la multiplica­tion de ces communauté­s virtuelles de gens qui pensent pareil, qui ont les mêmes goûts, qui peuvent zapper ce qui leur déplaît, y soit pour quelque chose ?

Y aurait-il un lien entre les « réseaux sociaux » et l’incroyable montée de l’hyper-susceptibi­lité, qui fait qu’un rien « blesse » une personne et lui fait déchirer sa chemise en public ?

Edward Snowden disait que les compagnies qui font de l’argent en vendant votre vie privée étaient jadis appelées des compagnies de « surveillan­ce ».

Les avoir rebaptisée­s des « réseaux sociaux », concluait-il, est la plus grande supercheri­e politico-linguistiq­ue depuis que les ministères de la Guerre ont été renommés des ministères de la Défense.

 ?? ?? Mark Zuckerberg Au coeur de Facebook, il y a une colossale supercheri­e.
Mark Zuckerberg Au coeur de Facebook, il y a une colossale supercheri­e.

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