Le Journal de Montreal

Les cadeaux de Bombardier à Airbus

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Des cadeaux d’une incroyable générosité, voilà ce que Bombardier a dû offrir à Airbus pour l’inciter à « embarquer » dans la C Series.

Pourquoi la haute direction de Bombardier a-t-elle donné sur un plateau d’argent la C Series à Airbus ? Je n’y vois qu’une seule raison : Bombardier était fort probableme­nt acculée financière­ment au pied du mur avec sa C Series.

On se rappellera qu’à l’époque de l’annonce de l’entente avec Airbus, en octobre 2017, le super avion C Series faisait l’objet de la menace américaine de se faire imposer des droits compensate­urs de 300 % à la suite de la guerre sans merci que lui livrait Boeing. Conséquemm­ent, Bombardier semblait incapable de remplir le carnet de commandes du C Series.

SOLUTION EXTRÊME

Comme solution extrême pour se sortir du gouffre de la C Series, la direction de Bombardier a offert à Airbus un deal qui vaut aujourd’hui son pesant d’or pour le géant européen de l’aéronautiq­ue.

Voici un aperçu des cadeaux de Bombardier à Airbus.

Bombardier a cédé gratuiteme­nt à Airbus 50,01 % des parts de la Société en commandite Avions C Series (SCACS), laquelle société détient les actifs de l’avion C Series que Bombardier a développé au coût de 7 milliards de dollars.

En cédant le contrôle de la SCACS à Airbus, Bombardier voyait sa participat­ion tomber à 34 % et le gouverneme­nt Couillard avec son investisse­ment de 1,3 milliard voyait la sienne baisser à seulement 16 %.

Après avoir englouti au cours des deux dernières années des capitaux supplément­aires de 1 milliard dans la SCACS afin de renflouer le manque de liquidités, Bombardier s’est engagée envers Airbus à continuer de renflouer elle-même les coffres de la SCACS.

L’engagement de Bombardier consiste à injecter au cours des 3 ½ prochaines années des capitaux additionne­ls jusqu’à concurrenc­e de 925 millions $ US (1,2 milliard CA).

« C SERIES » SUR LE SUNDAE

Alors que l’injection de capitaux effectuée durant la période allant de l’été 2016 au 1er juillet 2018 avait permis à Bombardier d’augmenter sa participat­ion dans la SCACS, ce ne sera pas le cas avec les prochains capitaux que Bombardier devra investir dans la « nouvelle » SCACS contrôlée par Airbus.

En retour de ses capitaux additionne­ls, Bombardier recevra des parts sans droits de vote et sans possibilit­é de plus-value. Cela permet à Airbus de ne pas se faire diluer et ainsi de conserver le contrôle de la SCACS avec 50,01 % des parts. Même chose pour Québec. Bombardier se contentera de recevoir un dividende annuel de 2 % et de se faire rembourser ledit montant advenant le rachat de sa participat­ion par Airbus.

Bombardier a également pris l’engagement de construire une nouvelle ligne d’assemblage à l’usine américaine d’Airbus, à Mobile, en Alabama. Le financemen­t sera puisé à même les capitaux supplément­aires qu’avancera Bombardier.

Et la « C Series » sur le sundae ? Bombardier a donné à Airbus un bloc de 100 millions de bons de souscripti­on de Bombardier qui vaut aujourd’hui 260 millions de dollars.

Aux yeux de la direction de Bombardier, ce généreux deal avec Airbus permettra au gouverneme­nt Couillard de sauver sa mise !

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