Le Journal de Montreal

Desjardins mise aussi sur l’industrie de la marijuana

Les banques et les assureurs ont pris d’assaut ce marché en forte croissance

- PIERRE COUTURE

Pendant que son président soutient ne pas s’intéresser au marché du cannabis, le Mouvement Desjardins, par l’entremise de certains de ses fonds d’investisse­ment, a décidé de miser sur ce secteur en pleine croissance.

En date du 30 juin 2018, le fonds Desjardins gestion internatio­nale d’actifs détenait par exemple plus de 108 000 actions dans le producteur de cannabis ontarien Aphria, selon le fournisseu­r de recherches indépendan­tes Morningsta­r.

Aphria détient notamment une entente avec la Société des alcools du Québec (SAQ) pour fournir plus de 12 000 kilos de cannabis par année aux magasins de la Société québécoise du cannabis (SQDC).

En octobre dernier, le PDG de Desjardins, Guy Cormier, affirmait pourtant n’avoir pas d’intérêt pour le secteur du cannabis.

« Nous n’avons aucune ouverture pour l’industrie du cannabis. Cette activité n’est pas non plus dans nos plans », avait lancé le patron du Mouvement Desjardins en marge d’une allocution au Forum FinTech à Montréal.

Guy Cormier disait ne pas porter un jugement sur ce secteur, mais que son institutio­n financière avait simplement fait le choix de ne pas s’intéresser à l’industrie du cannabis.

LES BANQUES FINANCENT

Jointe hier par Le Journal, une porte-parole de Desjardins a indiqué que la coopérativ­e de services financiers analysait « au cas par cas les dossiers dans le secteur du cannabis thérapeuti­que. Toutefois, notre positionne­ment sur le cannabis récréatif est toujours en cours », a fait valoir Chantal Corbeil.

Selon cette dernière, Desjardins ne détenait pas au 30 juin 2018 des titres d’Aphria, mais agissait plutôt « comme intermédia­ire pour des comptes qui ne sont pas liés à nos fonds propres », a-t-elle signalé.

Avec la légalisati­on du cannabis à des fins récréative­s, le 17 octobre, les banques et les assureurs canadiens sont de plus en plus présents dans ce secteur.

La Banque de Montréal (BMO), qui n’a pas souhaité discuter du sujet avec Le Journal, ne cache plus son intérêt pour ce marché en pleine croissance.

Le mois dernier, la BMO a émis la plus importante facilité de crédit jamais offerte à un producteur de cannabis au pays.

La BMO a convenu d’une ligne de crédit pouvant aller jusqu’à 250 millions $ avec le producteur Aurora Cannabis de l’Alberta.

Aurora prévoit produire 100 000 kilos de cannabis par année.

En mai dernier, Aurora a annoncé l’acquisitio­n du producteur ontarien MedReleaf pour 3,2 milliards $.

Ensemble, Aurora et MedReleaf fourniront à la SQDC plus de 13 000 kilos de cannabis par année sur trois ans pour ses magasins québécois.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Cole Cacciavill­ani et John Cervini, cofondateu­rs de la compagnie de marijuana Aphria qui détient une entente avec la Société des alcools du Québec pour fournir plus de 12 000 kilos de cannabis par année aux magasins de la Société québécoise du cannabis.
PHOTO D’ARCHIVES Cole Cacciavill­ani et John Cervini, cofondateu­rs de la compagnie de marijuana Aphria qui détient une entente avec la Société des alcools du Québec pour fournir plus de 12 000 kilos de cannabis par année aux magasins de la Société québécoise du cannabis.

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