Quand les inondations entraînent la faillite
Line, 53 ans, accumule les malchances. Après son divorce, elle est tombée malade, ce qui l’a obligée à cesser de travailler. Coup du sort : les inondations printanières de l’an dernier ont rendu sa maison inhabitable.
Pour faire face à la baisse de revenus causée par son long congé de maladie, Line a dû utiliser ses cartes de crédit, sur lesquelles elle a accumulé 45 000 $. Avec un taux d’intérêt d’environ 28 %, la dette grimpe vite.
Lorsque sa propriété a été inondée, comme beaucoup d’autres résidences de sa région lors des fortes crues printanières de 2017, elle a été prise en charge par la Croix-Rouge et a vécu à l’hôtel durant plusieurs semaines. Sa maison a toutefois subi de graves dommages, et bien que le gouvernement du Québec se soit engagé à payer les travaux, les propriétaires doivent néanmoins payer de leur poche 10 % du montant des rénovations.
Dans le cas de Line, cela monte à environ 15 000 $, une somme dont elle ne dispose pas. Elle a aussi des factures d’électricité en souffrance (2500 $), ainsi que des impôts en retard (3000 $). Au total, elle étouffe sous une dette écrasante de 50 500 $. C’est pourquoi elle a décidé d’aller consulter un syndic autorisé en insolvabilité.
ELLE PERD SA MAISON
Line se retrouve dans une impasse, car ses revenus de 2950 $ par mois en assurance salaire ne lui permettent pas de remettre sa maison en état ni de réduire ses dettes. Elle n’a pas d’argent de côté et n’a aucune marge de manoeuvre.
Véronique Lalonde, syndique autorisée en insolvabilité chez Raymond Chabot, lui a donc conseillé de faire faillite. « C’était la meilleure solution pour elle. De cette façon, la maison sera remise au créancier hypothécaire et Line ne sera pas responsable de la perte encourue sur cet actif », explique la syndique. Une fois qu’elle aura récupéré la propriété, l’institution financière la revendra à perte.
Line est triste de ne pouvoir conserver sa maison, car il s’agit de la résidence familiale qu’elle a gardée après son divorce, mais dans sa situation, elle ne peut faire autrement que de s’en départir.
Pour se reloger, elle va louer un appartement pour environ 850 $ par mois, qui sera plus adapté à son budget.
UN MONTANT ADAPTÉ À SON BUDGET
Line devra verser la somme de 395 $ à ses créanciers pendant 21 mois. Neuf mois après avoir payé le dernier montant, elle se trouvera libérée de sa faillite. Bien sûr, il y aura des conséquences négatives sur son dossier de crédit, mais il y a aussi plusieurs effets positifs. « Cela lui permettra de se débarrasser de toutes ses dettes, aussi bien celles de cartes de crédit, d’électricité et d’impôts », souligne Véronique Lalonde. Autrement dit, cela remettra les pendules à zéro !
Libérée de ce lourd poids, elle pourra retrouver une vie normale et se loger convenablement.
Un autre écueil surgit toutefois à l’horizon : étant en congé maladie depuis plusieurs mois, la rémunération de Line va bientôt diminuer, puisque son assurance va réduire le pourcentage remboursé sur son salaire. « Néanmoins, l’avantage d’une faillite est de permettre d’ajuster le montant des paiements en fonction des revenus. Par conséquent, il sera également revu à la baisse et adapté à son budget », mentionne la syndique.