Le Journal de Montreal

Quand les inondation­s entraînent la faillite

- Emmanuelle Gril Collaborat­ion spéciale

Line, 53 ans, accumule les malchances. Après son divorce, elle est tombée malade, ce qui l’a obligée à cesser de travailler. Coup du sort : les inondation­s printanièr­es de l’an dernier ont rendu sa maison inhabitabl­e.

Pour faire face à la baisse de revenus causée par son long congé de maladie, Line a dû utiliser ses cartes de crédit, sur lesquelles elle a accumulé 45 000 $. Avec un taux d’intérêt d’environ 28 %, la dette grimpe vite.

Lorsque sa propriété a été inondée, comme beaucoup d’autres résidences de sa région lors des fortes crues printanièr­es de 2017, elle a été prise en charge par la Croix-Rouge et a vécu à l’hôtel durant plusieurs semaines. Sa maison a toutefois subi de graves dommages, et bien que le gouverneme­nt du Québec se soit engagé à payer les travaux, les propriétai­res doivent néanmoins payer de leur poche 10 % du montant des rénovation­s.

Dans le cas de Line, cela monte à environ 15 000 $, une somme dont elle ne dispose pas. Elle a aussi des factures d’électricit­é en souffrance (2500 $), ainsi que des impôts en retard (3000 $). Au total, elle étouffe sous une dette écrasante de 50 500 $. C’est pourquoi elle a décidé d’aller consulter un syndic autorisé en insolvabil­ité.

ELLE PERD SA MAISON

Line se retrouve dans une impasse, car ses revenus de 2950 $ par mois en assurance salaire ne lui permettent pas de remettre sa maison en état ni de réduire ses dettes. Elle n’a pas d’argent de côté et n’a aucune marge de manoeuvre.

Véronique Lalonde, syndique autorisée en insolvabil­ité chez Raymond Chabot, lui a donc conseillé de faire faillite. « C’était la meilleure solution pour elle. De cette façon, la maison sera remise au créancier hypothécai­re et Line ne sera pas responsabl­e de la perte encourue sur cet actif », explique la syndique. Une fois qu’elle aura récupéré la propriété, l’institutio­n financière la revendra à perte.

Line est triste de ne pouvoir conserver sa maison, car il s’agit de la résidence familiale qu’elle a gardée après son divorce, mais dans sa situation, elle ne peut faire autrement que de s’en départir.

Pour se reloger, elle va louer un appartemen­t pour environ 850 $ par mois, qui sera plus adapté à son budget.

UN MONTANT ADAPTÉ À SON BUDGET

Line devra verser la somme de 395 $ à ses créanciers pendant 21 mois. Neuf mois après avoir payé le dernier montant, elle se trouvera libérée de sa faillite. Bien sûr, il y aura des conséquenc­es négatives sur son dossier de crédit, mais il y a aussi plusieurs effets positifs. « Cela lui permettra de se débarrasse­r de toutes ses dettes, aussi bien celles de cartes de crédit, d’électricit­é et d’impôts », souligne Véronique Lalonde. Autrement dit, cela remettra les pendules à zéro !

Libérée de ce lourd poids, elle pourra retrouver une vie normale et se loger convenable­ment.

Un autre écueil surgit toutefois à l’horizon : étant en congé maladie depuis plusieurs mois, la rémunérati­on de Line va bientôt diminuer, puisque son assurance va réduire le pourcentag­e remboursé sur son salaire. « Néanmoins, l’avantage d’une faillite est de permettre d’ajuster le montant des paiements en fonction des revenus. Par conséquent, il sera également revu à la baisse et adapté à son budget », mentionne la syndique.

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