Le Journal de Montreal

Quand le vélo devient religion

Thomas-Louis Deshaies, septième d’une famille d’Amos au Tour

- ALAIN BERGERON

AMOS | Lancer la cinquième étape du Tour de l’Abitibi au pied de la cathédrale Sainte-Thérèse-d’Avila d’Amos portait un sens, hier. Le cyclisme est une religion ici.

N’en déplaise à l’évêque du diocèse d’Amos, Mgr Gilles Lemay, le parvis de ce lieu inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO était devenu la propriété de la famille Deshaies pour l’occasion.

Thomas-Louis Deshaies, membre de l’équipe régionale Iamgold d’Abitibi, est le septième de sa famille à participer à cette épreuve cycliste internatio­nale.

BERNARD ET YVAN, LES PREMIERS

Amos, une ville de moins de 13 000 habitants qui a fêté son centenaire en 2014, revendique le titre de berceau de l’Abitibi. C’est elle qui avait agi comme marraine au baptême du Tour en 1969 en jouant la ville-hôtesse. En assignant un septième membre de la dynastie des Deshaies à cette 50e édition, on en conclut qu’elle a bien travaillé pour la patrie du cyclisme.

« Je ne cache pas que je vais ressortir le coeur gros. Vu que c’est mon dernier Tour, ça me fait quelque chose de partir la course d’Amos. On me redonnerai­t la chance et je voudrais le faire 10 fois », avouait le jeune Deshaies avant l’épreuve du jour de 100 km vers Val-d’Or.

Au total, les Deshaies cumulent 24 participat­ions à ce Tour depuis que les frères Bernard et Yvan avaient amorcé la collection dès 1969. Le plus illustre demeurera Bernard, qui s’est lancé dans 12 éditions entre 1969 et 1982, à une époque où certains coureurs de la catégorie senior obtenaient des autorisati­ons pour cette course réservée aux juniors. Porteur du maillot brun durant trois étapes en 1971, il avait terminé troisième au classement général de cette année-là.

Depuis, il y a aussi eu Luc (1970-71) et Christian (2005-06). Et maintenant, Thomas-Louis suit la même route que son père Patrick (1984-85-86) et son frère Jean-Samuel (2009-2010). Une affaire de frères, qui en est devenue une de cousins et de petits-cousins.

« Le bicycle a toujours été là chez nous. Depuis que j’étais tout petit dans la poussette, je ne me suis même pas posé la question. Je fais du vélo parce que je fais du vélo. C’est comme ça », explique tout bonnement Thomas-Louis.

TRADITION D’EXCELLENCE

Les Deshaies et leur club d’Amos ont lancé une tradition d’excellence qui a fait d’autres petits. Karol-Ann Canuel, membre de l’équipe profession­nelle néerlandai­se Boels Dolmans, a participé aux Jeux olympiques de Rio et a contribué à trois titres mondiaux du contre-la-montre par équipe.

Keven Lacombe est devenu deux fois champion canadien en 2003 et 2008. Marc-Antoine Soucy a été sacré champion canadien de l’épreuve sur route de la catégorie Espoirs (moins de 23 ans) l’an dernier, ce qui lui a valu une invitation aux Grands prix cyclistes de Québec et Montréal.

« Il y a une culture gagnante en cyclisme à Amos pour laquelle je n’ai pas encore trouvé d’explicatio­n. On a pourtant tout contre nous quand on sait qu’une saison ne dure que trois mois, alors qu’à Montréal, il y a un mois ou deux de plus que nous pour s’entraîner sur les routes », affirme Christian, directeur de l’équipe Iamgold, dont la tante Marie-Claude Audet avait terminé 24e à l’épreuve sur route des Jeux de Los Angeles.

Même si Thomas-Louis termine sa carrière junior, le robinet ne semble pas fermé pour de bon chez les Deshaies. Son frère Mathieu, 14 ans, pratique lui aussi le cyclisme.

L’arbre généalogiq­ue continue de produire de beaux fruits..

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PHOTO ALAIN BERGERON Thomas-Louis Deshaies s’est élancé avec émotion de sa ville d’Amos lors de l’épreuve d’hier vers Val-d’Or.

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