Le Journal de Montreal

PROMESSE TENUE AVEC THOMAS BACH

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« On va se revoir aux Jeux olympiques », l’avait conviée Thomas Bach par une formule de courtoisie en juillet 2015. Ariane Léonard a entendu l’invitation : elle s’est qualifiée pour les sélects Jeux olympiques de la jeunesse au mois d’octobre en Argentine... en attendant de participer aux grands Jeux.

Médaillé d’or au fleuret par équipe aux Jeux de 1976, le président du Comité internatio­nal olympique ne savait sans doute pas à qui il avait affaire lorsque la jeune épéiste du club Olympia de Longueuil avait été désignée pour l’accueillir lors de sa visite à l’Institut national du sport du Québec (INSQ).

L’athlète de Saint-Lambert n’avait alors que 14 ans, mais ses réalisatio­ns depuis ce jour-là laissent croire que l’escrime canadienne pourrait avoir trouvé sa nouvelle perle.

Troisième aux Championna­ts panamérica­ins chez les juniors en mars dernier, elle a poursuivi quelques semaines plus tard en terminant 19e aux Championna­ts mondiaux en Italie.

Ce résultat en apparence banal cache un haut potentiel quand on sait qu’il lui reste trois autres années d’éligibilit­é chez les juniors... et qu’elle était encore de niveau cadet.

« On sait maintenant qu’elle a le potentiel pour devenir un jour championne mondiale junior », prétend son entraîneur au club Olympia, Dominique Teisseire.

« Ce qui frappe chez elle, c’est son engagement, autant dans son entraîneme­nt que dans la vision de sa carrière. Il n’y a pas beaucoup d’adolescent­es à l’âge de 16 ou 17 ans qui peuvent faire des projection­s sur 10 ans. »

« C’est rare d’entendre dire de sa part : moi, je suis prête à tout mettre dans ma vie pour aller aux Jeux olympiques d’ici 10 ans », dit d’elle Benjamin Manano, entraîneur de l’équipe du Québec et directeur de la Haute performanc­e à la fédération canadienne.

À PARIS... OU TOKYO

Cette dernière année chez les cadettes coïncide avec la tenue des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) à Buenos Aires, du 6 au 18 octobre prochains, ce qui lui offrira une première véritable tribune internatio­nale.

Ce tournoi a ceci de sélectif qu’il ne réunira que 16 épéistes, dont les deux meilleures du continent des Amériques, selon les résultats aux derniers mondiaux juniors en Italie.

Sa participat­ion à ces Jeux la conforte dans ses ambitions de se voir aux « vrais » Jeux olympiques de Paris en 2024, ou même – pourquoi pas –, à ceux de Tokyo en 2020.

« Quand j’étais plus petite, je regardais toujours les Jeux olympiques et, peu importe le sport, tous les athlètes me fascinaien­t. J’ai vite compris que c’était difficile d’aller aux Jeux olympiques si je ne faisais pas de sport ! »

« Alors j’ai suivi mon frère qui a voulu essayer l’escrime quand j’avais 9 ans et j’ai gagné ma première compétitio­n à l’âge de 10 ans. C’est là que je me suis dit, peut-être moi aussi, que je pourrais faire comme eux et aller aux Olympiques », raconte-t-elle avec sa naïveté d’enfant de l’époque.

UNE « BESOGNEUSE »

Son ascension rapide l’a amenée à participer à une première compétitio­n internatio­nale, en février dernier à Bratislava, où elle a terminé 22e sur plus de 120 tireuses à un tournoi satellite de la Coupe du monde.

Teisseire y a revu le caractère de « besogneuse » au « mental de guerrière » qu’il avait découvert dans la petite Ariane Léonard qui était venue s’initier à son sport.

« Elle ne met pas de visage en dessous du masque de l’adversaire qu’elle affronte. Il y aura beau y avoir n’importe qui devant elle, elle se dit qu’elle a autant de chances, peu importe le palmarès de l’autre », affirme celui qui agit aussi comme directeur technique à la fédération québécoise.

DÉJÀ DANS LA MIRE

Aux Championna­ts du monde juniors, certains collègues internatio­naux ont glissé la remarque à l’entraîneur québécois que la jeune Léonard leur rappelait Sherraine Schalm, dernière Canadienne à avoir remporté une médaille aux Championna­ts du monde en 2009 et qui avait fini 4e par équipe aux Jeux de Londres.

Pour la suite, il y aura toujours l’invitation de Thomas Bach pour lui trotter en tête.

« Ça aussi, ça m’a motivée », répète l’athlète féminine au niveau canadien au dernier gala de SportsQuéb­ec.

« M. Bach insinuait les prochains Jeux [en 2020], mais on va voir. Ça va être difficile, mais c’est faisable. Mais je vais toujours garder cette promesse. »

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