Un phénomène made in China
Ses parents ont quitté Pékin et choisi Blainville pour l’épanouissement de leur fille. Grâce à leur décision, le Québec a hérité d’un phénomène en voie d’enrichir sa tradition en patinage de vitesse.
Ayisha Miao Qi n’a pas encore 13 ans, mais les habitués du réseau de compétitions provinciales de courte piste savent déjà prononcer son nom.
Sa domination aux Championnats canadiens de l’Est, qui réunissaient les meilleurs patineurs par groupes d’âge du Québec, de l’Ontario et des Maritimes, le printemps dernier à Lévis, a révélé de rares aptitudes pour un enfant de ce niveau.
En finale du 400 m (quatre tours) – la meilleure épreuve indicatrice d’atteinte de vitesse –, la jeune sensation a filé sans inquiétude vers la victoire dans le groupe d’âge des 11 ans et moins en 39,190 s.
Avec ce chrono, elle aurait également gagné les finales sur cette distance chez les filles de 12, 13 et même 14 ans !
« Quand elle avait 8 ans, elle était venue faire un essai avec nous. Dès le départ, elle avait déjà la position de base presque parfaite. Ça a été unanime, on s’est dit : oups, on a quelque chose là », raconte Benoît Delisle, entraîneur du groupe Excellence au Club de patinage de vitesse Rosemère-Rive-Nord.
LE QUÉBEC, UN CHOIX NATUREL
L’arrivée ici de cette jeune Asiatique pique la curiosité autant que la fluidité de son patin.
Adepte du patinage à roues alignées depuis l’âge de 6 ans en Chine, elle avait atteint une certaine renommée dans le pays, assez pour intéresser quelques commandites qui l’ont supportée dans un circuit de compétitions.
Le système chinois étant toutefois moins porté à un équilibre entre les développements académique et sportif – « c’est tout un ou tout l’autre rendu à un certain âge », selon sa mère –, un déménagement s’imposait pour permettre à cette élève douée aussi en musique d’assouvir sa passion pour le patin.
La citoyenneté canadienne que détient le père depuis qu’il avait vécu dans la région de Vancouver, il y a une trentaine d’années, rendait la destination plus facile à choisir.
« On aurait pu aller à un endroit où ça aurait été plus facile grâce à l’anglais, mais nous savions que la région de Montréal était un bon endroit pour le développement du patinage », nous explique sa mère, Wei Shi.
Le choix final s’est arrêté sur Blainville il y a près de trois ans, là où le couple a acheté une maison « parce qu’on venait d’une ville gigantesque et qu’on préférait une ville plus petite, plus tranquille », dit la maman.
SURCLASSÉE
À défaut de pouvoir compétitionner dans une catégorie d’âge supérieure, ce que défend la Fédération de patinage de vitesse du Québec, le club surclasse Ayisha dans un groupe de patineurs plus âgés et plus rapides durant les entraînements afin de mieux répondre à son niveau.
La jeune fille et ses parents disent se plaire dans leur environnement sportif québécois. À l’école francophone qu’elle fréquente, elle a trouvé là aussi son bonheur.
« Il n’y a pas beaucoup de devoirs », dénote cependant Ayisha comme différence majeure avec la Chine.
« Notre arrivée ici l’a transformée, témoigne sa mère. Ma fille était vraiment timide, mais le sport lui donne du courage et de la confiance. Au début, ça a été difficile parce qu’elle ne comprenait pas le français et ça me rendait triste de la voir, mais notre club a été si bon pour elle. Benoît est un bon entraîneur et la camaraderie dans le club a facilité son adaptation. »