Le Journal de Montreal

Des bleuets au chocolat attendus

Le dessert des pères trappistes s’est laissé désirer à cause de la sécheresse qui a retardé la récolte des fruits

- DOMINIQUE LELIÈVRE

QUÉBEC | Les pères trappistes de Dolbeau-Mistassini s’apprêtent à écouler 30 000 livres de bleuets cueillis à la main et enrobés de chocolat, une friandise qui fait leur fierté depuis plus de 50 ans.

Après quelques jours de retard en raison du manque de précipitat­ions, ce qui a retardé la croissance des bleuets, la production de la fameuse gâterie peut commencer. La chocolater­ie adjacente au monastère du Lac-Saint-Jean doit recevoir aujourd’hui sa première livraison de bleuets sauvages cueillis à la main par des agriculteu­rs locaux.

« Aux dernières nouvelles, on va avoir quand même beaucoup de bleuets dès la première journée de production », mentionne le directeur général de la chocolater­ie, Dominique Genest.

En raison de la sécheresse, les bleuets sont un peu plus petits qu’à l’habitude, mais leur goût est inchangé, selon M. Genest. Il ne s’attend pas à d’autres problèmes d’approvisio­nnement.

L’entreprise pense pouvoir écouler 150000 boîtes de chocolats aux bleuets partout au Québec, comme elle l’a fait l’été dernier.

PLUS COMPLEXE QU’IL Y PARAÎT

La saison de la cueillette ne laissera que quelques semaines aux employés de la chocolater­ie pour confection­ner leur friandise la plus populaire. Elle rapporte chaque année près du quart des profits.

« Ç’a commencé bien simplement, se souvient le père Augustin Martel. C’est un frère qui est arrivé et qui est allé ramasser un petit plat de bleuets dans le bois ici, pas très loin, et il est arrivé à la chocolater­ie avec ça. On s’est dit qu’on allait essayer ça avec du chocolat et c’est comme ça que ça a commencé. »

« C’est important [pour nous], c’est un gagne-pain », souligne l’homme de 89 ans, qui continue de s’impliquer dans l’entreprise à raison de quatre heures par jour, pratiqueme­nt chaque jour de la semaine.

Pourtant, malgré son apparente simplicité, le bleuet enrobé est relativeme­nt complexe à fabriquer. Les petits fruits, cueillis à la main en grande quantité, doivent répondre à certaines normes de qualité et être enrobés moins de 24 heures après leur collecte.

CROISSANCE FULGURANTE

Si la chocolater­ie peut en préparer autant, c’est entre autres grâce à l’expertise d’une poignée de bleuetière­s avec qui elle entretient des liens depuis des années.

« C’est vraiment du “juste à temps”. On achète des bleuets, on les enrobe, on les met dans le frigo, on les livre et on recommence. […] Il faut être un peu fou pour produire de grandes quantités comme ça », lance M. Genest.

L’entreprise, propriété à 100 % des pères trappistes, connaît une croissance fulgurante, depuis cinq ans, à la suite d’investisse­ments dans la capacité de production et du renouvelle­ment de son image de marque.

Les visiteurs n’ont jamais été aussi nombreux. Ils étaient 20 000 l’an dernier, dont 70 % provenaien­t de l’extérieur de la région. Quant aux ventes, elles ont pratiqueme­nt doublé depuis 2013.

« Les pères trappistes ont toujours accueilli les gens, mais je dirais que depuis cinq ou six ans, on a décidé de les inviter. On est maintenant membre de Tourisme Lac-Saint-Jean et on a créé quelques activités sur le site », souligne Dominique Genest.

La chocolater­ie cherche aussi à rejoindre prochainem­ent le réseau des économusée­s, qui regroupe des musées d’artisans dans le domaine des métiers d’art et de l’agroalimen­taire. Le projet de près d’un million de dollars pourrait voir le jour d’ici un an.

 ?? PHOTOS COURTOISIE ?? « Les gens ont toujours très hâte », observe le père Augustin Martel, membre de cette communauté religieuse depuis 1946. En mortaise, un aperçu du processus de fabricatio­n.
PHOTOS COURTOISIE « Les gens ont toujours très hâte », observe le père Augustin Martel, membre de cette communauté religieuse depuis 1946. En mortaise, un aperçu du processus de fabricatio­n.

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