Le Journal de Montreal

Il pratique le culturisme en fauteuil roulant

- ALEXANDRE MORANVILLE-OUELLET

Handicapé depuis la naissance, Woody Belfort est devenu l’un des seuls Canadiens à pratiquer le culturisme en fauteuil roulant, une discipline consistant à développer sa masse musculaire dans un but esthétique.

Lorsqu’il s’exerce sur les barres d’entraîneme­nt, rien ne pourrait différenci­er Woody Belfort d’un autre sportif de haut niveau à l’entraîneme­nt.

Pourtant, l’homme de 21 ans souffre de diplégie spastique, une forme de paralysie cérébrale congénital­e restreigna­nt le mouvement de ses jambes, qu’il ne peut utiliser qu’à environ 25 % de leur capacité.

« J’ai toujours été fort du haut du corps en raison de mon handicap, qui me force à utiliser beaucoup mes bras. Mais j’ai décidé d’aller plus loin », raconte le jeune homme qui vit à Longueuil.

Il s’est intéressé à l’entraîneme­nt avec des mouvements de base, comme les pushup et les redresseme­nts assis, en rencontran­t des gens dans un parc.

Simple et peu coûteux, ce genre d’exercices se pratique souvent dans les parcs publics, là où des barres de modules de jeux pour enfants peuvent servir aux sportifs. Ils sont d’ailleurs nombreux à se donner rendez-vous les dimanches afin de se lancer divers défis.

UN LOISIR ORGANISÉ

C’est par la suite que Woody Belfort a découvert la Wheel Chair Body Building, une organisati­on fondée en 2006 par Nick Scott, un paraplégiq­ue qui fait la promotion du culturisme en fauteuil roulant.

Woody Belfort, qui étudie au cégep, a depuis pris part à trois compétitio­ns.

Seulement deux Canadiens participen­t aux événements de l’organisati­on nord-américaine. Des compétitio­ns internatio­nales pourraient être organisées sous peu.

Tout comme pour les compétitio­ns de culturisme classique, les participan­ts défilent devant un jury, qui évalue leur développem­ent musculaire afin de décerner des points. Des gagnants sont ainsi départagés.

« Si je continue comme ça, j’aurai l’occasion d’obtenir ma carte de profession­nel et ainsi être commandité pour compétitio­nner », explique-t-il, enthousias­te à l’idée.

PAS SA CARRIÈRE

Or, si la perspectiv­e d’un salaire est attrayante pour le jeune homme, il affirme ne pas vouloir faire carrière dans le culturisme et souhaite plutôt utiliser sa discipline pour promouvoir la santé physique.

« J’espère pouvoir démontrer qu’il n’y a aucune bonne excuse pour ne pas s’entraîner et prendre soin de soi, soutient-il. Ce que je fais avec le haut de mon corps, n’importe qui peut le faire avec de l’entraîneme­nt, avec ou sans fauteuil roulant. Si je faisais des squats, par exemple, là, ce serait un véritable exploit. »

Malgré son horaire chargé, Woody Belfort trouve du temps pour son premier amour : le basketball en fauteuil, qu’il pratique depuis 11 ans.

Il participer­a aux jeux du Canada en février 2019 avec l’équipe du Québec à Red Deer en Alberta.

Il lui restera cependant à trouver le financemen­t nécessaire pour l’achat d’un nouveau fauteuil sportif, une pièce d’équipement essentiell­e dont le prix peut parfois s’élever à 5000 $.

 ?? PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, ALEXANDRE MORANVILLE-OUELLET ?? Woody Belfort s’entraînait dans un parc de Longueuil le 13 juin dernier.
PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, ALEXANDRE MORANVILLE-OUELLET Woody Belfort s’entraînait dans un parc de Longueuil le 13 juin dernier.

Newspapers in French

Newspapers from Canada