Donald Trump s’en prend à son avocat
Le président a été enregistré à son insu alors qu’il évoquait la possibilité d’acheter le silence d’une ex-playmate
WASHINGTON | (AFP) La rupture semble consommée entre Donald Trump et son ex-avocat personnel : le président américain a jugé hier « peut-être illégal » un enregistrement par Michael Cohen d’une conversation entre les deux hommes.
Il s’est aussitôt attiré une réponse cinglante de l’entourage de son ancien homme de main.
Ces tensions entre Michael Cohen et Donald Trump interviennent alors que l’avocat, au centre d’une vaste enquête fédérale, a récemment fait savoir que sa loyauté avait des limites. L’époque où il se disait prêt à « prendre une balle » pour protéger le président des États-Unis semble révolue.
L’existence de l’enregistrement au coeur de la nouvelle polémique, qui remonte à deux mois avant la présidentielle de novembre 2016 et a été saisi par les enquêteurs du FBI dans les bureaux de l’avocat, a été révélée vendredi par le New York Times. Donald Trump et Michael Cohen y évoquent la possibilité d’acheter le silence d’une ex-playmate avec laquelle le président aurait eu une liaison.
« RIEN FAIT DE MAL ! »
Au lendemain de cette révélation, Donald Trump s’en est pris hier sur Twitter à son ancien conseil. Il est « inconcevable qu’un avocat enregistre un client – totalement inédit et peut-être illégal », a-t-il dénoncé.
Malgré cela, l’équipe du président a renoncé au principe de confidentialité des échanges entre le client et son conseil dans ce dossier, selon la chaîne CNN, qui cite des sources anonymes. Autrement dit, elle ne s’opposera pas à l’utilisation de l’enregistrement par les enquêteurs.
La stratégie de Donald Trump est donc claire : le magnat de l’immobilier veut montrer qu’il n’a rien à se reprocher.
« La bonne nouvelle c’est que votre président préféré n’a rien fait de mal ! » s’est ainsi exclamé le milliardaire républicain pour conclure son tweet.
La veille, l’un de ses avocats, Rudy Giuliani, avait confirmé l’existence de cet enregistrement, estimant qu’il exonérait Donald Trump davantage qu’il le compromettait.
« Rudy estime que l’enregistrement “disculpe” » le président, « pourquoi tant de colère? » a répondu hier l’avocat de Michael Cohen, Lanny Davis, sur Twitter, étrillant la stratégie du camp présidentiel et qualifiant de « fausse » l’accusation d’illégalité de l’enregistrement.
RACHAT DES DROITS
La discussion Trump-Cohen immortalisée sur cette bande audio portait sur l’ex-playmate du magazine Playboy Karen McDougal, qui affirme avoir eu une relation « romantique de 10 mois en 2006 et 2007 » avec celui qui n’était pas encore entré en politique.
Selon le New York Times, Michael Cohen aurait été consulté par le patron de presse David Pecker au sujet du témoignage de Karen McDougal. Le National Enquirer, titre phare du groupe de David Pecker, avait en effet accepté d’acheter l’exclusivité de cette confession pour 150 000 $US (197 000 $).
Selon plusieurs médias, lors de la conversation enregistrée, Michael Cohen informe Donald Trump du paiement effectué par le groupe de presse et les deux hommes évoquent la possibilité de racheter euxmêmes ces droits. Donald Trump semble ouvert à l’idée et interroge même son avocat quant au mode de paiement. L’enregistrement s’interrompt avant la fin de la conversation.
La transaction n’a finalement jamais eu lieu. Le The New Yorker a affirmé, sur la base de témoignages anonymes, que M. Pecker et le National Enquirer avaient choisi de ne pas publier le témoignage de Karen McDougal pour préserver Donald Trump, ami de David Pecker, ce que démentent les intéressés.