Le Journal de Montreal

À 13 ans et aux portes de Tokyo

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« Aller aux Jeux olympiques de 2020, c’est ce que Zoé veut, c’est ce que ses parents veulent, c’est ce qu’on veut aussi. On pousse vers ça. Si ça fonctionne, bingo ! Si ça ne fonctionne pas, on garde quand même 2024 dans la mire. »

L’entraîneus­e Francine Bouffard oeuvre en gymnastiqu­e depuis 35 ans et cette ambition unanime autour de Zoé Allaire-Bourgie, ce n’est certes pas de la pression indue de sa part sur une enfant.

À 13 ans et seulement à sa première année d’admission chez les juniors de 15 ans et moins, elle vient d’aligner le titre de championne canadienne au concours multiple, en mai dernier, suivi d’une médaille d’argent aux championna­ts panamérica­ins en Argentine, deux semaines plus tard.

Si on évoque déjà Tokyo pour elle, et même si elle n’y aurait alors que 15 ans, c’est parce qu’elle représente le projet féminin le plus porteur des 30 dernières années au prestigieu­x club Gymnix de Montréal. C’est peu dire quand on sait que ce club a hissé six de ses athlètes jusqu’aux Jeux olympiques en 45 ans d’histoire.

« C’est dans deux ans. En deux ans, je peux encore bien évoluer. Si on regarde il y a deux ans, je n’étais vraiment pas de ce niveau, alors ça démontre que je peux encore monter », nous ditelle dans un de ses rares moments libres d’une semaine normale de 30 heures d’entraîneme­nt.

LE RÊVE D’UN PODIUM OLYMPIQUE

Certains acteurs de la gymnastiqu­e au Québec qu’on a sondés prétendent que la jeune fille du quartier Ahuntsic possède les habiletés pour accéder aux mêmes résultats internatio­naux que la vedette canadienne Ellie Black, vice-championne du monde à Montréal en octobre 2017 et 5e aux Jeux olympiques de Rio.

Faculté innée pour l’orientatio­n spatiale, douée physiqueme­nt, dédiée à l’entraîneme­nt et véritable éponge de l’enseigneme­nt, cette enfant née à Bangkok en Thaïlande et adoptée par un couple québécois à l’âge de huit mois a vite convaincu notre photograph­e de son talent avec ses hautes acrobaties.

Son rêve de Jeux olympiques et de grands rendez-vous internatio­naux ne relève pas de la frime.

« Je pense que je pourrais accomplir certains exploits. J’ai toujours dit que j’aimerais avoir une place sur un podium olympique. C’est un grand rêve, mais déjà, juste le fait d’y participer une première fois serait satisfaisa­nt. Mais j’ai toujours dit que je me voyais sur le podium », soutient la jeune fille, qui avait elle-même suggéré d’être surclassée de la catégorie novice à junior l’an dernier.

« Son nom commence à circuler », affirme Francine Bouffard en pensant à la hiérarchie mondiale chez les juniors.

D’ABORD QUALIFIER LE PAYS

En raison de son âge, elle ne pourra participer aux championna­ts du monde séniors de 2018 et 2019, deux passages obligatoir­es destinés à qualifier les 12 premiers pays pour les Jeux de Tokyo. Elle dépend donc des performanc­es de celles à qui elle souffle dans le cou pour devenir l’une des quatre femmes que le Canada pourra désigner aux Jeux.

Si le pays obtient sa présence au Japon, la sélection à l’interne s’effectuera en se basant sur des résultats à des événements nationaux et par des choix discrétion­naires. En poursuivan­t sur sa montée fulgurante durant les deux prochaines années, cette Montréalai­se aux traits asiatiques pourrait devenir une incontourn­able pour les décideurs nationaux.

« Ce rêve-là, je l’ai depuis l’âge de sept ans, répète-t-elle. Ce serait un peu une déception en raison de tous les efforts que je vais mettre, mais je sais que je pourrai me reprendre pour 2024. »

 ?? PHOTO BEN PELOSSE ?? Dominante chez les juniors au Canada, Zoé Allaire-Bourgie a remporté notamment la médaille d’or à la poutre aux championna­ts panamérica­ins.
PHOTO BEN PELOSSE Dominante chez les juniors au Canada, Zoé Allaire-Bourgie a remporté notamment la médaille d’or à la poutre aux championna­ts panamérica­ins.

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