Québec tient à son rabais sur les voitures électriques
L’objectif de 100 000 véhicules d’ici 2020 est toujours réalisable, croit le ministre Fortin
Contrairement au premier ministre de l’Ontario Doug Ford qui met aux poubelles son rabais sur les voitures électriques, le gouvernement Couillard veut le garder, au nom du « nationalisme économique ».
« Il y a un certain nationalisme économique derrière tout ça. L’hydro-électricité, c’est nous qui la produisons. C’est nous qui la distribuons », a déclaré en entrevue au Journal le ministre des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports, André Fortin.
Pour le ministre, le rabais de 8000 $ est là pour de bon. « C’est de l’argent dépensé par des Québécois qui reste au Québec. Ce qui n’est pas le cas lorsqu’on fait le plein d’essence », explique-t-il.
L’objectif de 100000 véhicules électriques sur les routes d’ici 2020 sera atteint, selon lui. Entre 2300 et 2500 véhicules sont vendus chaque mois, observe-t-il. Plus de 30000 voitures électriques circulent déjà sur les routes du Québec, soit 30 % de l’objectif de 100 000.
Du côté de la Coalition avenir Québec (CAQ), on ne remet pas non plus en question les rabais. L’attaché de presse Ewan Sauves pense cependant que « le gouvernement libéral de Philippe Couillard est en voie de rater sa cible de 100 000 ».
PAS L’ARGENT DES CONTRIBUABLES
Les 167 millions $ injectés dans le programme Roulez vert depuis son lancement en 2012 ne viennent pas des poches des contribuables, mais bien du Fonds vert, tient à rappeler l’Association des véhicules électriques du Québec (AVÉQ).
« Les gens ont la perception qu’ils payent pour ça dans leurs impôts, alors que ce n’est pas le cas. C’est essentiellement les entreprises manufacturières ou de fabrication qui émettent de la pollution qui le financent », indique le porte-parole Martin Archambault.
Le programme fonctionne, selon le ministre André Fortin, qui ne risque pas de suivre l’exemple de la province voisine qui fait marche arrière avec son rabais de 14 000 $.
« RECUL HISTORIQUE »
« L’Ontario est libre de ses propres choix, mais honnêtement, pour nous, ce n’est absolument pas quelque chose que l’on envisage », insiste-t-il
Pour François Reeves, coauteur avec Daniel Breton de L’auto électrique... et plus ! publié il y a deux mois, le geste d’éclat du nouveau premier ministre ontarien Doug Ford est « un recul historique monumental ».
« C’est un peu comme si un nouveau Trump venait d’arriver en Ontario. Pour moi, c’est un désastre », dit-il pour enfoncer le clou.
Au ministère des Transports de l’Ontario, on dit ne pas savoir encore combien a coûté le programme dans lequel on met la hache. On se limite à dire que « le gouvernement précédent a mal géré ce dossier », affirme son porte-parole Gordan Rennie, par courriel.