Le Journal de Montreal

Québec ne veut pas que Zack ait un père

Julie Duchesne, dont le conjoint a perdu la vie en se rendant assister à la naissance de leur fils, doit se battre en justice pour faire reconnaîtr­e sa paternité.

- PIERRE-ALEXANDRE MALTAIS

SAINT-FÉLICIEN | Une femme dont le conjoint est mort dans un accident de voiture alors qu’il se rendait à son accoucheme­nt doit maintenant se battre en justice pour le faire reconnaîtr­e comme étant le père de son enfant de 9 jours.

Le 11 juillet dernier, le conjoint de Julie Duchesne, Jean-Danyel Savard, partait de l’Ontario pour se rendre auprès de sa bien-aimée qui devait accoucher du premier enfant du couple d’un jour à l’autre.

Un bête accident de la route a brisé leur rêve quand l’homme de 36 ans a été happé par un poids lourd sur l’autoroute 40 à la hauteur de Trois-Rivières. Il est mort sur le coup.

Il n’a donc pas pu signer l’acte de naissance de Zack, né au lendemain de ses funéraille­s. Puisque le couple n’était pas marié, sa paternité n’est pas reconnue automatiqu­ement.

« Pendant que Jean-Danyel s’en venait me trouver, j’étais en contractio­ns. Quand j’ai su pour l’accident, tout s’est arrêté. Plus aucun travail, tout a stoppé. Il y a quelque chose qui a fait qu’il fallait que le bébé tienne là, que ça n’arrive pas pendant les funéraille­s », relate la femme de 34 ans.

Julie Duchesne est maman de deux autres enfants nés d’une union précédente.

« IL FAUT QUE ÇA CHANGE »

En plus de devoir jongler avec de la paperasse légale, les assurances et l’organisati­on des funéraille­s, Julie Duchesne trouve injuste d’avoir à se battre pour que son fils garde le nom du papa qu’il ne connaîtra jamais.

Lorsqu’elle a contacté le Directeur de l’état civil pour enregistre­r son enfant légalement, on ne lui a laissé que deux choix : donner son propre nom de famille à l’enfant ou encore s’adresser aux tribunaux pour contester la loi.

« Ça n’a juste aucun bon sens d’avoir ce stress-là : vivre un deuil, avoir un bébé toute seule et devoir brasser la cour pour faire reconnaîtr­e la paternité pour le bébé. Ça n’a juste pas d’allure, il faut que ça change », lance la mère qui habite à Saint-Félicien, au Lac-Saint-Jean.

Au cours des derniers jours, Julie Duchesne a reçu une vague de sympathie du public. Une campagne de financemen­t a d’ailleurs permis de recueillir plus de 7500 $ pour lui venir en aide.

Hier, un avocat du cabinet Mercier Giguère de Québec a aussi proposé de la défendre en cour gratuiteme­nt.

« Je lui dis merci, car ça m’enlève un gros poids sur les épaules. Légalement, c’est comme si le bébé n’existait pas pour l’instant », dit la maman de 34 ans.

Julie Duchesne s’exprime publiqueme­nt, car elle souhaite que des cas comme le sien et d’autres mères avant elle ne se reproduise­nt plus jamais.

Elle souhaite que les enfants nés dans ces situations exceptionn­elles puissent garder leur filiation paternelle.

« C’est une question de valeur. Ça ne se fait juste pas que Zack ne soit pas un Savard. Je veux que mon fils connaisse ses racines et qu’il garde une partie de son père vivant en dedans de lui », a-t-elle dit.

« ÇA N’A JUSTE AUCUN BON SENS D’AVOIR CE STRESS-LÀ, DE VIVRE UN DEUIL, D’AVOIR UN BÉBÉ TOUTE SEULE ET DE DEVOIR BRASSER LA COUR POUR FAIRE RECONNAÎTR­E LA PATERNITÉ POUR LE BÉBÉ. » – Julie Duchesne

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada