Le Journal de Montreal

Plus qu’une relation d’affaires

- MATHIEU BOULAY

Lorsqu’il découvrira Eleider Alvarez sur le ring du Hard Rock Hotel & Casino d’Atlantic City, Stéphane Lépine ne verra pas seulement un boxeur, mais aussi un athlète qui est devenu un ami au fil des années de leur associatio­n.

Dans le monde de la boxe, un gérant et son protégé entretienn­ent avant tout une relation d’affaires. Le premier négocie les duels de l’autre et il veille à ce que son pugiliste ait tous les outils nécessaire­s pour atteindre ses objectifs de carrière.

La relation entre Stéphane Lépine et Eleider Alvarez a rapidement dépassé le cadre sportif. Lépine était notamment aux premières loges lorsque le Colombien a quitté son pays natal dans un scénario digne d’un film.

« Le soir où j’ai rencontré Eleider et Oscar Rivas, ils sont venus manger à la maison avec mes enfants et ma famille, évoque Stéphane Lépine. Ma mère était une grande partisane d’Oscar. Avant qu’elle meure, Oscar était venu lui rendre visite à la maison, et ma mère pleurait à chaudes larmes.

Pour moi, j’ai plus une relation de grand frère avec eux que de gérant. J’ai souvent dit que je suis le gars le plus chanceux au monde parce que j’ai deux vrais amis. Même après leur carrière, ils feront partie de ma famille. »

Qu’Alvarez gagne ou perde la semaine prochaine, il est possible que son gérant échappe quelques larmes selon le résultat.

« J’ai un lien d’amour et s’il perd, je vais pleurer, indique Lépine. Je ne serai même pas gêné devant les gens qui m’entourent. Ce serait de la peine parce que je l’aime tout simplement. »

ATTACHÉ AU QUÉBEC

Lépine est revenu sur la période qui lui a permis d’amener les deux Colombiens au Québec avant qu’ils amorcent leur carrière profession­nelle.

« Ils sont restés pris 14 mois en Colombie, se souvient Lépine. On pensait toujours qu’ils arriveraie­nt d’une semaine à l’autre.

Tout cela est survenu parce qu’une agence n’avait pas mis le bon numéro de visa de travail. Pourtant, on était en règle. Quand ils ont fini par se pointer au Canada, Eleider racontait dans son village qu’on les avait abandonnés. »

Il a raconté une anecdote qui en dit long sur l’attachemen­t d’Alvarez envers le Québec.

« Eleider m’a dit qu’il s’ennuyait de notre province s’il n’était pas dans son village en Colombie. Pour cette raison, il ne pourra plus être 100 % colombien. On parle d’un 50-50 avec le Québec. »

On verra si ses sacrifices des neuf dernières années lui permettron­t d’atteindre la terre promise.

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